La date des funérailles officielles de la «cenne noire» a été décrétée: dès le 4 février 2013, la Monnaie royale canadienne cessera de distribuer la pièce, allégeant d'un coup le poids des porte-monnaie des Canadiens.

La pièce d'un cent bénéficie dans les faits d'un sursis avant sa disparition définitive. Lors du dernier budget fédéral, en mars dernier, le gouvernement conservateur avait annoncé l'arrêt de sa production pour la fin de l'automne de cette année.

Mais les entrepreneurs et détaillants ont demandé d'attendre après la période achalandée entourant Noël avant de déclarer le sou noir cliniquement mort.

Le ministre des Finances Jim Flaherty a donc indiqué lundi qu'il reportait l'élimination de la pièce d'un cent.

«L'établissement d'une date de transition précise permet aux consommateurs, aux entreprises, aux organismes de bienfaisance et aux institutions financières de se préparer au changement qui aura lieu en février», a noté le ministre Flaherty.

Dès lors, le consommateur paiera quelques sous de plus ou de moins pour l'achat de ses produits, l'arrondissement se fera au multiple de cinq cents le plus près. Ces changements ne s'appliqueront qu'au paiement en espèces; les transactions par carte ou par chèque ne seront soumises à aucun arrondissement.

Les pièces d'un cent conserveront leur valeur de façon indéfinie, si bien que quelqu'un pourra toujours payer avec elles s'il en trouve dans le fond d'un tiroir dans quelques années.

L'inflation est sans contredit la cause principale du décès du sou noir. Il n'y a pas si longtemps, les enfants pouvaient encore acheter des bonbons en vrac pour la modeste somme d'un sou. Difficile aujourd'hui de se procurer quoi que ce soit pour un montant si minime.

La production de la pièce d'un cent elle-même coûte environ une fois et demi sa valeur. Son abolition entraînera des économies estimées à 11 millions $ annuellement.

Le gouvernement fédéral espère que le sou noir saura se montrer utile avant de tomber dans l'oubli, notamment en offrant un coup de pouce aux organismes de bienfaisance. Dans un document d'information, on fait valoir que les organismes à but non lucratif ont pu, ailleurs dans le monde, tirer profit du retrait d'une monnaie de faible valeur en organisant des collectes de fonds et en incitant les gens à s'en débarrasser.