Le Canadien National (T.CNR) menace de mettre en veilleuse son projet de 6 milliards $ dans le Nord québécois, auquel souhaite participer la Caisse de dépôt et placement, si les minières ne montrent pas rapidement de l'intérêt pour le lien ferroviaire.

Au cours de la téléconférence tenue mercredi pour commenter les résultats du deuxième trimestre, le grand patron du CN, Claude Mongeau, a indiqué que «quelques minières» se sont engagées à prendre part au projet jusqu'ici.

Or, pour que celui-ci soit viable, «nous avons besoin de l'appui de la majorité des clients miniers sur le territoire», a-t-il noté.

Le chemin de fer relierait le port de Sept-Îles aux mines de fer de la fosse du Labrador, un parcours de plus de 800 kilomètres. À lui seul, le segment sud, jusqu'à Schefferville, à 500 kilomètres au nord de Sept-Îles, coûterait 3 milliards $, a indiqué M. Mongeau.

Le dirigeant a souligné que des minières songeaient à construire elles-mêmes un chemin de fer dans l'espoir d'en arriver à un coût moindre que celui du projet du CN. Deux liens ferroviaires sont déjà en exploitation dans la région, mais leur capacité n'est pas suffisante pour desservir l'ensemble des projets miniers projetés.

Le CN donnera «une ou deux semaines de plus» aux minières pour lui faire part de leur intérêt pour son projet. Si les appuis sont suffisants, l'entreprise amorcera une étude de faisabilité. Sinon, «nous allons leur souhaiter bonne chance et passer à autre chose», a lancé M. Mongeau.

La Caisse de dépôt n'a pas voulu commenter les propos de M. Mongeau jeudi, se contentant de réitérer que le projet demeure «très intéressant».

Le gouvernement de Jean Charest fonde beaucoup d'espoir sur ce dossier pour donner des ailes à son Plan Nord. À preuve, c'est lui qui avait révélé son existence dans son plus récent budget, dévoilé en mars.