Le Canada a vu apparaître un nombre modeste de 7300 nouveaux emplois et le taux de chômage a glissé à 7,2 pour cent le mois dernier, une nouvelle indication que l'économie lutte pour conserver son élan - mais qu'elle n'a toujours pas cédé.

Les données de juin sur l'emploi sont l'indication la plus récente de la performance de l'économie et les spécialistes ont clairement échappé un soupir de soulagement en constatant que la situation du marché de l'emploi ne s'était pas détériorée.

Même si les économistes misaient en moyenne sur un ajout net de 5000 emplois, certains prédisaient carrément une perte nette, particulièrement après l'épatant gain de 140 000 emplois enregistré pour les mois de mars et d'avril.

«Je ne vais jamais me plaindre d'un recul du taux de chômage, et nous avons eu une solide augmentation du nombre d'heures travaillées au cours du mois et pour le deuxième trimestre dans son ensemble, ce qui, d'une certaine façon, est une meilleure mesure», a affirmé Doug Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux.

«Cela aurait pu être bien pire», a en outre noté Jimmy Jean, économiste chez Desjardins Marché des capitaux.

Dans une déclaration, le ministre fédéral des Finances Jim Flaherty a estimé que les résultats démontraient que le pays était «sur la bonne voie», tout en notant la fragilité de l'économie mondiale, ainsi que les problèmes aux États-Unis et en Europe.

«C'est pourquoi nous continuons de nous concentrer sur les mesures pour faire croître l'économie (...) comme le crédit d'embauche pour les petites entreprises et le nouvel appui de plus d'un milliard $ à la recherche et au développement», a-t-il expliqué.

Aux États-Unis, les employeurs ont embauché un total net de 80 000 travailleurs en juin, ce qui constitue un troisième mois consécutif de faible embauche, tandis que le taux de chômage est resté inchangé à 8,2 pour cent.

Au Canada, la principale surprise du rapport de Statistique Canada résidait justement dans le taux de chômage, qui a retraité d'un dixième de point à 7,2 pour cent.

Normalement, l'ajout de quelques milliers d'emplois ne suffit pas à faire reculer le taux de chômage - en fait, aux yeux de l'agence gouvernementale, l'ajout de 7300 emplois n'est même pas un gain; elle préfère dire que le nombre d'emploi a «peu changé» compte tenu de la marge d'erreur de son enquête. Mais le nombre de Canadiens à la recherche d'un emploi a chuté de 16 600 en juin, ce qui a réduit la taille de la population active.

L'Ontario se distingue

Du côté des données régionales, autant de provinces ont affiché des hausses que des baisses de leur nombre d'emplois, mais à part l'Ontario - qui a ajouté plus de 20 000 travailleurs à sa main-d'oeuvre le mois dernier - les différences notées dans chaque province étaient modestes vis-à-vis de leur population respective, a précisé Statistique Canada.

Au Québec, le taux de chômage a diminué de 0,1 point par rapport à mai pour s'établir à 7,7 pour cent. Le nombre d'emplois a retraité de 4600 dans la province.

Au Nouveau-Brunswick, le taux de chômage a augmenté de 0,1 point de pourcentage pour atteindre 9,5 pour cent.

C'est le deuxième mois consécutif de faible création d'emplois pour le Canada. Malgré tout, compte tenu de l'ampleur des gains de mars et avril, certains analystes voient plutôt d'un bon oeil le fait que les hausses aient été confirmées par les chiffres de mai et juin, plutôt que renversées.

Par ailleurs, les emplois à temps plein ont augmenté de 29 300, ce qui a entraîné un important déclin dans les emplois à temps partiel. À cela s'ajoute le nombre d'heures travaillées, qui a augmenté de 0,4 pour cent, tandis que le salaire horaire a grimpé de 3,4 pour cent en un an, en hausse par rapport à la croissance de trois pour cent affichée en mai.

«Les gens ont travaillé pendant plus d'heures et ont été rémunérés davantage pour leurs efforts», a précisé M. Porter, ajoutant que cela devrait se traduire par une hausse des dépenses des ménages.

Plus d'étudiants sans emploi

Le mois de juin a été particulièrement difficile pour les étudiants. Le taux d'emploi pour les jeunes âgés de 20 à 24 ans a chuté à 63,2 pour cent, par rapport à 67,4 pour cent en juin 2011, égalant leur situation en 2009, alors que l'emploi étudiant subissait les contrecoups de la récession.

«Ce taux est aussi le plus bas enregistré pour un mois de juin depuis 1977, soit depuis que des données comparables existent», a précisé Statistique Canada.

En outre, le taux d'emploi chez les 17 à 19 ans a aussi reculé, à 51,4 pour cent, un niveau inférieur à celui de juin 2009.

Dans les données d'ensemble, la plupart des gains du mois de juin ont eu lieu dans le secteur public, qui a grossi ses rangs de 38 900 travailleurs, tandis que le secteur privé a perdu 26 000 emplois. Le nombre de travailleurs autonomes a diminué de 5500.

Des hausses d'emploi ont été observées dans les services aux entreprises, les services relatifs aux bâtiments et les autres services de soutien, dans les soins de santé et l'assistance sociale, dans les services d'enseignement et dans les services publics.

Des baisses ont été notées dans les secteurs de l'information, de la culture et des loisirs, ainsi que dans celui de l'agriculture.