La création d'emploi canadienne a ralenti en mai, après avoir connu deux mois de très forts gains, mais elle a tout de même réussi à faire apparaître 7700 emplois additionnels, soit plus que prévu et suffisamment pour laisser le taux de chômage inchangé.

La hausse est essentiellement attribuable aux plus nombreux travailleurs autonomes, fonctionnaires et travailleurs à temps partiel, lesquels ont compensé le déclin du nombre d'emplois à temps plein dans le secteur privé - ce qui pourrait vouloir dire que les entreprises canadiennes restent prudentes vis-à-vis de l'embauche de nouveau personnel.

Les économistes avaient largement anticipé le ralentissement du marché du travail, compte tenu que les mois de mars et d'avril avaient vu naître 140 000 nouveaux emplois, un sommet de 30 ans pour une période de deux mois.

Mais puisque la croissance économique du Canada a glissé sous le cap des deux pour cent au premier trimestre, certains analystes croient que de tels chiffres étaient insoutenables.

Le rapport sur le marché de l'emploi du mois de mai, publié par Statistique Canada, a malgré tout été bien accueilli et il laisse croire que la crise des dettes en Europe et le climat de récession qui prévaut sur ce continent n'effraient pas outre mesure les employeurs canadiens.

«Je suis simplement soulagé que ce ne se soit pas soldé carrément par un déclin», a observé Doug Porter, économiste en chef adjoint à la Banque de Montréal.

«Le ralentissement de la création d'emploi est loin d'être une surprise, particulièrement compte tenu de ce qui s'est passé au sud de la frontière.»

Les États-Unis ont fait état la semaine dernière de la création de 69 000 emplois au mois de mai, ce qui représente pour eux un troisième mois de déception à ce chapitre.

Selon M. Porter, il est légitime de se réjouir du fait que le secteur manufacturier ait accueilli 36 400 nouveaux emplois en mai, ainsi que de la croissance annualisée des salaires, qui a grimpé à trois pour cent, contre 2,3 pour cent.

L'économiste Derek Holt, de la Banque Scotia, a noté que le gain des usines était le sixième en autant de mois et que celui-ci avait fait grimper la croissance de l'emploi dans le secteur manufacturier canadien de 3,3 pour cent par rapport à l'an dernier.

Malgré tout, le rapport de Statistique Canada témoignait de nombreuses faiblesses sous-jacentes.

Parmi celles-ci se trouve notamment le fait qu'on comptait en mai 15 600 travailleurs de moins qu'en avril, tandis que les rangs des employés du secteur privé ont rétréci de 22 500 personnes. En outre, le nombre de nouveaux travailleurs à temps partiel a été quatre fois plus important que celui des travailleurs à temps plein.

Ces chiffres ont été mitigés par une hausse de 23 300 du nombre de travailleurs autonomes, ce qui signale habituellement une certaine faiblesse du marché de l'emploi. Les gouvernements ont pour leur part embauché quelque 6900 travailleurs.

Sur les 12 derniers mois, incluant celui de mai, un total de 203 000 nouveaux emplois ont vu le jour, ce qui est conforme au contexte d'une économie en croissance modeste. La plus grande partie de ces emplois sont à temps plein.

Mis à part les gains importants du secteur manufacturier, l'emploi a avancé dans les services d'éducation (+25 700) ainsi que dans le secteur agricole (+10 700), a précisé vendredi Statistique Canada.

Ces avancées ont été contrebalancées par des reculs dans les secteurs de la construction (-27 000) et de l'information, de la culture et des loisirs (-27 300).

Le Québec a connu la meilleure performance parmi les provinces, avec 14 700 nouveaux emplois, tandis que l'Ontario a affiché le déclin le plus important à ce chapitre, avec la perte de 18 700 emplois.

Le Québec a cumulé en mai deux fois plus d'emplois que la moyenne pour l'ensemble des provinces canadiennes, a noté le ministère québécois de l'Emploi et de la Solidarité sociale. «Depuis janvier, il s'est créé au total 84 100 emplois au Québec, dont 66 800 à temps plein», a ajouté le ministère.

Le taux de chômage du Québec a reculé de 0,2 point de pourcentage pour s'établir à 7,8 pour cent.

La création d'emploi a aussi été significative en Alberta, à 9800 nouveaux emplois, ce qui a fait reculer le taux de chômage de la province à 4,5 pour cent. Son taux de chômage, le même que celui de la Saskatchewan, est le plus faible du pays.