Le taux d'inflation au Canada le mois dernier a été le plus bas en un an et demi, alors que la croissance des prix de l'essence et des aliments a ralenti considérablement par rapport à mars 2011.

Les consommateurs ont tout de même été aux prises avec des prix plus élevés pour la plupart des produits par rapport à février.

Statistique Canada a rapporté vendredi un recul du taux d'inflation de 0,7 point de pourcentage, à 1,9% - la première fois depuis septembre 2010 que le taux est en deçà du repère de deux pour cent de la Banque du Canada.

Les économistes avaient anticipé une baisse importante du taux d'inflation annuel, qui a par ailleurs grimpé au cours des trois derniers mois. La diminution a toutefois été plus importante que prévu.

Au Québec, le taux annuel d'inflation s'établissait à 2,1% en mars, comparativement à 3,2% en février. L'écart est en grande partie le résultat d'une augmentation plus faible des prix des aliments achetés en magasin et des prix de l'essence.

Mais à moins que les consommateurs aient la mémoire longue, ils risquent de pas se rendre compte de ce recul de l'inflation d'une année à l'autre. Il semble même qu'ils verront les prix continuer à augmenter.

Le fait est que la comparaison la plus immédiate et la plus évidente se fait avec les changements constatés d'un mois à l'autre. Et les consommateurs au pays ont payé 0,4% de plus pour la plupart de leurs biens qu'ils ne l'avaient fait le mois précédent.

Depuis février, les consommateurs paient davantage pour l'essence, les transports, les vêtements et les chaussures, tandis que les coûts associés aux loisirs, à l'éducation et à la lecture continuent d'augmenter.

La baisse considérable du taux d'inflation annuel - les prix courants, en comparaison au mois de mars 2011 - sera par ailleurs bien accueillie chez les emprunteurs, puisqu'elle permettra de réduire la pression exercée sur la Banque du Canada pour qu'elle augmente les taux d'intérêt, comme elle l'a laissé entendre cette semaine.

Le taux d'inflation sous-jacent de la Banque du Canada, qui est utilisé pour évaluer la pression tendancielle des prix après avoir exclu les produits volatils comme l'énergie et certains aliments, a également chuté de 1,9% en mars.

«La baisse de l'inflation est une très bonne nouvelle pour les Canadiens», a expliqué Arlene Kish, de IHS Global Insight.

«Les Canadiens doivent déjà se serrer la ceinture en raison du bas taux d'épargne. Selon des recherches faites par la Banque du Canada, certaines dépenses des ménages sont financées par leurs marges de crédit hypothécaire.»

L'annonce du taux d'inflation n'est néanmois pas une grande surprise pour la banque centrale. Plus tôt cette semaine, elle avait prévu que l'indice des prix à la consommation serait «modéré» et «autour de 2% (...) à mesure que l'économie atteindra son plein potentiel de production», dans environ un an.

Selon l'économiste de la Banque de Montréal Robert Kavcic, il est possible que le taux d'inflation annuel diminue davantage le mois prochain en raison de la hausse des prix de l'essence qui s'était poursuivie en avril 2011.

Comme c'est le cas pour la nourriture, ce rectificatif était plus qu'attendu selon M. Kavcic.

«La réduction de l'inflation dans le coût des aliments arrive en retard, puisque les prix ont commencé à diminuer dès le milieu de l'année dernière», a-t-il indiqué.

«Étant donné ce que nous observons dans le prix des produits de base, il semble qu'il soit fort probable que les prix de la nourriture diminuent davantage. La concurrence s'intensifie dans le secteur de l'alimentation avec l'arrivée de Target l'an prochain, notamment.»

Le mandat premier de la Banque du Canada est de maintenir l'inflation à 2%, ou le plus près possible de ce chiffre. Selon M. Kavcic et d'autres analystes, le gouverneur de la Banque, Mark Carney, prendra sa décision à propos de ce qu'il doit faire avec les taux d'intérêt en se basant sur la performance de l'économie plutôt qu'en tenant compte de l'indice des prix à la consommation.

Lorsqu'elle a décidé de garder son taux à un pour cent pendant un peu plus longtemps, la Banque du Canada s'est surtout attardée sur l'importance d'améliorer les tendances établies de la croissance aux niveaux global et local. Sur 12 mois, le ralentissement de la montée des prix à la consommation a été répandu.

Les prix des aliments ont progressé de 2,2% au cours de la période de 12 mois se terminant en mars. Ils avaient augmenté de 4,1% en février. Les coûts de l'énergie ont progressé de 5,1% sur 12 mois, après avoir augmenté de 7,2% en février.

Le prix de l'essence demeure élevé. Il est actuellement 6,6 pour cent plus élevé qu'il ne l'était en mars dernier, mais il est tout de même plus bas que l'augmentation de 8,9% du taux annuel observée en février.

Cette situation a contribué à ralentir la hausse des prix de l'énergie de 5,1%, par rapport aux 7,2% du mois précédent. Le taux d'inflation de l'électricité est passé de 8,7% à 5,3%.

La progression des coûts dans le domaine du transport, qui est influencée par le prix de l'essence, a également diminué, s'établissant à 3,8%.

En Ontario, les prix ont affiché une hausse d'une année à l'autre de 2,2% en mars, après avoir progressé de 2,9% en février.

Au Nouveau-Brunswick, le taux d'inflation s'est établi à 2,4%. Il avait atteint 2,6% le mois précédent.

Sur une base mensuelle désaisonnalisée, les prix à la consommation se sont par ailleurs accrus de 0,2% de février à mars au pays, après avoir progressé de 0,1% de janvier à février.

Le taux annuel d'inflation avait atteint 2,6% en février.