La productivité des entreprises canadiennes a crû plus rapidement que celle des compagnies américaines l'année dernière, ce qui est une première en dix ans, selon ce qu'a rapporté Statistique Canada vendredi.

Le rapport a été rendu public la même journée que les publications sur la création d'emplois au Canada et aux États-Unis. Si le nombre d'emplois a diminué au pays, il a plutôt augmenté au sud de la frontière, ce qui laisse croire que le Canada pourrait compenser sa création d'emplois moindre par l'augmentation de son taux de productivité, à l'inverse des États-Unis.

Avec une hausse de 0,7 pour cent au quatrième trimestre de 2011, la productivité des entreprises canadiennes s'est accrue de manière plus importante que prévue. L'augmentation de la productivité s'est toutefois établie à 0,8 pour cent pour l'année, en baisse par rapport à la hausse de 1,5 pour cent enregistrée en 2010, a fait savoir Statistique Canada.

La croissance de la productivité - une mesure du produit intérieur brut (PIB) réel par heure travaillée - a été plus faible aux États-Unis.

Après avoir légèrement augmenté de 0,2 pour cent au quatrième trimestre, les gains de productivité des entreprises américaines ont terminé l'année en hausse de 0,2 pour cent. C'est bien loin de la hausse de quatre pour cent affichée en 2010.

«C'est la première fois depuis 2006 que la productivité a augmenté plus rapidement au Canada qu'aux États-Unis», a indiqué Statistique Canada dans son communiqué.

La différence en matière de productivité entre le Canada et les États-Unis découlait principalement de la disparité dans la croissance du PIB réel des entreprises, puisque l'augmentation des heures travaillées a été semblable dans les deux pays.

Le rapport sur la productivité canadienne a permis de nuancer le pessimisme qui a accompagné la publication du rapport de Statistique Canada à propos de l'emploi, où il ressort que les entreprises sont hésitantes quand vient le temps d'embaucher de nouveaux travailleurs. L'économie canadienne a perdu 2800 emplois le mois dernier, poursuivant une tendance à la baisse qui s'était amorcée l'été dernier.

«Une heure et demie après avoir annoncé une autre légère diminution du nombre d'emplois, Statistique Canada a fourni la preuve que la reprise économique du pays allait se faire grâce aux cerveaux de ses citoyens», a déclaré un économiste de la Banque de Montréal, Douglas Porter.

Le rapport sur la productivité indique que la performance de la main-d'oeuvre pourrait enfin connaître une remontée intéressante, après avoir connu une période décevante au milieu de la reprise économique, a ajouté M. Porter.

«L'aspect le plus positif parmi les dernières données sur l'emploi au Canada, qui sont somme toute assez décevantes, est que la productivité de la main d'oeuvre marque enfin une reprise», a estimé l'économiste.

Les chiffres sont plus encourageants aux États-Unis, où les employeurs ont créé 227 000 emplois en février, complétant ainsi une série de trois mois parmi les plus solides en terme d'embauches depuis le début de la récession.

«La croissance de la productivité canadienne dans la dernière année n'a pas été beaucoup plus éclatante que la moyenne à long terme, mais elle semble néanmoins prendre de l'élan, tandis que la productivité des travailleurs américains, autrefois excellente, semble plutôt ralentir», a observé M. Porter.

«Il semble que les reprises économiques américaine et canadienne aient inversé leurs rôles, le Canada n'étant plus caractérisé par une forte création d'emplois et un faible taux de productivité et les États-Unis se défaisant de leur faible création d'emplois au détriment d'une forte productivité.»

Cette hausse du taux de productivité des travailleurs canadiens survient au moment où la production des entreprises, soit leur PIB, a continué à croître, mais à un rythme plus lent qu'au trimestre précédent.

Statistique Canada a précisé que la croissance du PIB réel des entreprises a atteint 0,5 pour cent au quatrième trimestre, soit moins de la moitié du taux affiché au troisième trimestre.

Le principal facteur expliquant ce rythme plus lent de la productivité est le ralentissement des industries de l'extraction minière, pétrolière et gazière, du commerce de gros, de la construction, des services de la finance et des assurances.

Par ailleurs, le nombre d'heures travaillées a reculé de 0,2 pour cent, après avoir augmenté au cours des quatre trimestres précédents.