Le gouvernement fédéral a demandé à un ancien ministre conservateur de revoir l'ensemble des programmes fédéraux qui viennent en aide à l'industrie aérospatiale.

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Il ne s'agit pas de réduire le montant de cette aide, mais de la rendre plus efficace, a assuré le ministre de l'Industrie, Christian Paradis, hier, au cours d'une conférence de presse organisée dans un hangar de l'École nationale d'aérotechnique (ENA), à Longueuil.

«Il nous revient, en tant que gouvernement, d'examiner de façon régulière les outils que nous utilisons afin de nous assurer qu'ils demeurent aussi efficients et efficaces que possible», a déclaré M. Paradis, alors que, derrière, un étudiant de l'ENA s'escrimait avec un tournevis au-dessous d'un hélicoptère.

M. Paradis a promis que, pendant cette révision, le gouvernement maintiendra le financement de programmes appréciés de l'industrie comme l'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense (ISAD), qui finance des projets de recherche et développement. Par la suite, l'enveloppe globale dédiée à l'industrie devrait demeurer stable.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, avait annoncé cette révision dans son budget de mars 2011. Hier, le ministre Paradis a annoncé que la personne qui dirigera cet examen est l'ancien ministre de l'Industrie David Emerson.

«C'est une excellente nouvelle, a déclaré la présidente-directrice générale de la grappe aérospatiale de Montréal, Aéro Montréal, Suzanne Benoît. Lorsqu'il était ministre de l'Industrie, en 2004-2005, M. Emerson avait mis sur pied le Partenariat canadien de l'aérospatiale, qui était une forme de grappe industrielle au niveau canadien.»

De son côté, le président du conseil d'administration de l'Association des industries aérospatiales du Canada (AIAC), David Schellenberg, a affirmé que l'ancien ministre disposait de la «combinaison idéale de compétences et d'expérience pour mener à bien ce mandat».

Le principal intéressé a indiqué qu'il respectera scrupuleusement l'échéancier imposé par le gouvernement fédéral, qui exige la remise d'un rapport avant la fin de l'année.

«Je n'ai pas l'intention de faire un rapport qui se retrouvera sur une tablette», a insisté M. Emerson en conférence de presse hier.

L'industrie est réjouie

Le processus d'examen réjouit l'industrie québécoise, qui estime que cette révision est nécessaire en raison des changements que l'on peut constater à l'échelle mondiale.

«Il s'agit d'examiner l'action stratégique pour les 20 à 30 prochaines années, a déclaré la vice-présidente aux communications de Bombardier Aéronautique, Hélène Gagnon. Il s'agit de voir comment renforcer le positionnement du Canada sur la scène internationale, comment travailler ensemble pour saisir les occasions qui existent dans le monde.»

M. Emerson a précisé que son équipe examinera ce que font les gouvernements des autres pays pour venir en aide à leur industrie aérospatiale.

«Personne n'a les mains propres lorsqu'il est question de mettre de l'argent public dans cette industrie, a-t-il affirmé. En Chine, par exemple, l'aéronautique bénéficie d'une aide étatique énorme. Aux États-Unis, il y a des sommes considérables qui se retrouvent dans ce secteur par l'entremise du budget de la défense.»

L'équipe tiendra compte des programmes gouvernementaux portant sur le commerce, l'approvisionnement et la réglementation.

M. Emerson pourra compter sur la collaboration de l'AIAC, mais aussi sur un conseil consultatif comprenant l'ancienne ministre ontarienne du Développement économique Sandra Pupatello, le président et chef de la direction de l'AIAC, Jim Quick, et le directeur du département de gestion des opérations et de la logistique de HEC Montréal, Jacques Roy.

Outre l'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense, l'examen portera sur un ensemble de programmes qui viennent en aide à l'aérospatiale canadienne, comme le Groupement aéronautique de recherche et développement en environnement, le Programme d'aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherche Canada, la Fondation canadienne pour l'innovation et le programme de retombées industrielles régionales liées aux acquisitions militaires d'Ottawa.

En vertu de ce dernier programme, les multinationales qui vendent de l'équipement militaire au Canada, comme des avions de transport stratégique ou des hélicoptères, doivent investir au pays une somme égale à la valeur du contrat.

«Je crois qu'on peut maximiser encore davantage ce levier là, a affirmé le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé. Parfois, un dollar investi peut générer quatre dollars, selon où on fait les achats.»