À l'affiche depuis 13 semaines, Monsieur Lazhar, long métrage de Philippe Falardeau, produit par Micro_scope, a récolté 1,937 million de dollars au box-office québécois. Mais les recettes pourraient augmenter significativement dans les prochaines semaines, grâce à sa nomination dans la catégorie «Meilleur film en langue étrangère» de la prochaine cérémonie des Oscars.

«Le chiffre d'affaires par salle va doubler, affirme Vincent Guzzo, vice-président des Cinémas Guzzo. Alors que, normalement, dans la vie d'un film à l'affiche, les recettes baissent de 10% à 15% d'une semaine à l'autre.»

Monsieur Lazhar relate les liens tissés entre un professeur, immigrant algérien, et ses nouveaux élèves, dont les vies sont marquées par des tragédies. Déjà à l'annonce de sa nomination aux Oscars, on s'est assuré d'être projeté plus souvent et sur plus d'écrans. «On vient de recevoir notre copie, souligne Roland Smith, propriétaire et programmeur du Cinéma du Parc. Originalement, on avait prévu une représentation à 19h15 chaque soir. Mais à cause de la nomination aux Oscars, on fait un visionnement de plus, à 21h.»

«On remplace habituellement les films en fin de vie de certaines salles par les films en nomination dans les catégories importantes des Oscars, explique Vincent Guzzo. Ça a un impact quand les nominations sortent alors que les films sont encore à l'affiche. Ce qui était aussi le cas pour Incendies, l'an dernier.»

Films Séville, distributeur de Monsieur Lazhar, a envoyé cette semaine 14 copies supplémentaires dans les salles. L'an dernier, lorsqu'Incendies de Denis Villeneuve (produit aussi par Micro_scope) a récolté sa nomination dans la catégorie «Meilleur film en langue étrangère», 33 copies supplémentaires ont été envoyées dans les salles de cinéma. Avant cette prestigieuse nomination, le long métrage avait accumulé 2,67 millions au box-office. La digne mention a assuré des recettes supplémentaires de 988 799$, selon Cinéac qui compile les recettes des films au Québec.

En 2003, Les invasions barbares de Denys Arcand a aussi profité de l'effet Oscar. Ses nominations dans les catégories «Meilleur scénario original» et «Meilleur film en langue étrangère» ont motivé l'envoi de 44 copies supplémentaires dans les salles. Au box-office de 5,844 millions de dollars s'est ajouté 754 720$. «L'an dernier, Incendies a attiré beaucoup de gens, note Roland Smith. Nos salles de 250 places étaient à moitié remplies lors des sept visionnements de la semaine, et ce, jusqu'à la cérémonie des Oscars. Là, on serait aussi contents si les salles étaient à demi-pleine, donc si on avait 1000 clients par semaine. C'est possible et on y croit énormément.»

«L'an dernier, les Québécois étaient très contents d'être représentés aux Oscars, mentionne Luc Déry, de Micro_scope. Les gens ont embrassé cette course. Ils ont voulu voir Incendies pour être dans le coup.»

Il n'y a évidemment pas qu'au Québec que l'effet Oscars s'applique. «L'effet Oscars est notable à Hollywood, disait cette semaine Paul Dergarabedian, président d'Hollywood.com Box Office, dans un reportage de Bloomberg. Ce n'est pas un mythe. Les films peuvent vraiment en bénéficier, particulièrement ceux nommés dans la catégorie «Meilleur film».»

Des exemples? En 2010, les revenus en salle lors du premier week-end après le dévoilement des nominations de The King's Speech ont bondi de 41%. Ceux de Slumdog Millionaire, en 2008, de 83%. Et ceux du film petit budget 127 Hours, en 2010, de 1702%.