Les prochains navires du gouvernement canadien incluront des composantes fabriquées au Canada, a indiqué jeudi le premier ministre Stephen Harper, au moment où il annonçait une entente de principe pour la construction de navires de combat.

L'annonce a été faite au chantier Irving d'Halifax, qui a reçu la part du lion des contrats fédéraux de 35 milliards $ octroyés par le gouvernement fédéral, dans le cadre de la Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale. Ce chantier de Nouvelle-Écosse construira 21 navires, un contrat de quelque 25 milliards $.

Le premier ministre Harper y est allé de ce commentaire quand on lui a demandé si la conception de la flotte - brise-glace, navires de patrouille arctique et destroyers - sera confiée à des architectes navals canadiens.

«Les travaux de conception font ultimement partie du tout, a dit M. Harper. Nous chercherons évidemment à minimiser les coûts de conception, mais des éléments canadiens seront ultimement utilisés.»

La firme Seaspan Marine, de Vancouver, construira huit navires qui ne sont pas destinés au combat. La valeur de ce contrat est évaluée à 8 milliards $. Un autre chantier naval héritera d'un contrat de 2 milliards $ pour la construction de navires plus petits.

Le chantier maritime Davie, de Lévis, qui avait postulé il y a quelques mois pour obtenir une part de ces riches contrats fédéraux, a mordu la poussière, rien ne lui ayant été octroyé par le gouvernement.

Le président de J.D. Irving, la société-mère du chantier de Halifax, a repris les propos du premier ministre concernant le contrôle des coûts.

«Nous voulons garder (...) les emplois au Canada, nous aimerions garder des emplois en Nouvelle-Écosse, a déclaré Jim Irving après l'annonce de M. Harper. Mais il faut obtenir le meilleur rendement et la meilleure expertise.»

Le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de construction navale, le député Peter Stoffer, a dit craindre que certaines des tâches les mieux rémunérées ne soient exportées vers l'étranger. M. Stoffer affirme qu'au moment de l'annonce de la Stratégie nationale l'an dernier, il n'a pas été indiqué si les navires seraient conçus dans les chantiers canadiens ou si les modèles d'autres pays pourraient être utilisés.

«Quand j'entends le premier ministre dire que certains éléments de la conception seront canadiens, je ne suis pas certain de ce que ça veut dire, a dit le député de Sackville-Eastern Shore, à Halifax. Ce qui m'inquiète, ce sont les millions de dollars qui quittent le pays vers d'autres pays pour la conception, quand je crois honnêtement qu'on pourrait tout faire ici au Canada.»

Steve Durrell, président du chantier naval Irving de Halifax, a dit ne pas savoir qui dessinera les plans des navires que ses employés construiront. «Nous ne savons pas si nous allons utiliser des plans existants que nous 'canadianiserons', ou si nous ferons table rase pour repartir à zéro», a-t-il expliqué en entrevue.

La Stratégie nationale d'approvisionnement en matière de construction navale comprend la reconstruction des flottes de la Marine royale canadienne et de la Garde côtière, dont certains des navires arrivent à la fin de leur vie utile.