Les entreprises canadiennes s'attendent à un ralentissement de la croissance de leurs ventes au cours de l'année tout en constatant que les conditions de crédit qu'on leur offre ne s'assouplissent plus.

Voilà les faits saillants de l'Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE) et de l'Enquête auprès des responsables du crédit (ERC). Il s'agit de deux consultations menées sur une base trimestrielle par la Banque du Canada afin de l'aider à peaufiner son scénario économique à partir duquel elle élabore sa politique monétaire. Son prochain scénario paraîtra le 18 du mois.

Si la majorité des répondants font état d'une amélioration de leurs ventes l'an dernier par rapport aux 12 mois précédents, il s'en trouve un plus grand nombre à ne plus s'attendre à une telle croissance encore cette année. Ce renversement est attribuable surtout aux entreprises des Prairies qui ont connu une très forte amélioration de leur chiffre d'affaires l'an dernier, un exploit qu'elles jugent hors de portée deux ans d'affilée.

Quant aux autres, précise la banque centrale, elles s'attendent à une croissance modeste. «Il est à noter qu'il n'est pas question d'un recul des ventes, mais bien d'une progression moins rapide», fait remarquer Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Ces attentes moins optimistes s'expliquent sans doute par le fait que l'EPE a été menée entre les 14 novembre et 14 décembre, au moment où l'inquiétude que suscitait la crise de la dette souveraine européenne atteignait son paroxysme.

C'est aussi conforme au scénario économique d'octobre de la Banque qui tablait sur un ralentissement de la croissance au cours de l'automne et de l'hiver après une solide expansion durant l'été.

Malgré tout, deux entreprises sur cinq se disent toujours disposées à augmenter leurs investissements alors qu'une sur cinq environ prévoit plutôt ralentir la cadence.

Fait plus étonnant encore, malgré la grisaille, la majorité des entreprises (54%) comptent augmenter leurs effectifs au cours de la prochaine année. Ce sont surtout celles situées dans l'Ouest qui sont toutefois les plus enclines à l'embauche. Fait étonnant, ce score est plus élevé que celui de l'EPE réalisée durant l'été. «C'est le deuxième score parmi les plus élevés depuis 2005», note Benjamin Reitzes, économiste principal chez BMO Marchés des capitaux.

Ce résultat encourageant doit cependant être apprécié avec un grain de sel, le meilleur score en 10 ans ayant été enregistré au printemps de 2011. Or, le marché du travail canadien stagne depuis l'été.

Près d'une entreprise sur deux éprouverait des difficultés à répondre à une hausse inattendue de la demande, tandis que trois sur dix signalent une pénurie de main-d'oeuvre. Cela suggère que bon nombre d'emplois offerts ne correspondent pas aux compétences des chômeurs.

La Banque du Canada sera sans doute satisfaite de constater que 92% des répondants prévoient que le taux d'inflation oscillera entre 1% et 3% au cours de l'année, ce qui correspond à sa fourchette cible.

Pour la première fois en 12 trimestres, il y a plus d'entreprises qui n'observent plus d'assouplissement des conditions du crédit qu'il s'en trouve à en constater encore. On fait état de coûts d'emprunts plus élevés.

Dans l'ERC, les prêteurs ne parlent cependant d'aucun resserrement non tarifaire des conditions d'attribution de prêts. La Banque observe que les besoins courants de financement ont augmenté.