Le réveil s'annonce des plus difficiles pour plusieurs Canadiens qui espèrent prendre leur retraite le plus tôt possible tout en jouissant d'un certain niveau de confort.

Alors que de plus en plus d'études suggèrent que les régimes de retraite des sociétés sont sous-financés et que la dette des ménages atteint des sommets, un nouveau sondage réalisé par la Banque TD laisse croire que bon nombre de Canadiens ont des attentes irréalistes quant à leur retraite.

Selon l'enquête effectuée auprès de répondants de trois générations, les Canadiens espèrent en moyenne prendre leur retraite à 61 ans, et plus ils sont jeunes, plus ils veulent cesser de travailler tôt. Les répondants âgés de 25 à 30 ans croient même pouvoir quitter le marché du travail à 59 ans.

Mais le sondage révèle aussi que 6 Canadiens sur 10 disposent d'actifs financiers de moins de 100 000 $, en excluant toute participation qu'ils pourraient détenir dans leur logement. Quelque 16 pour cent d'entre eux ne détiennent tout simplement pas d'actifs financiers.

En outre, 44 pour cent des répondants croient qu'ils auront des dettes lorsqu'ils prendront leur retraite, et 13 pour cent jugent que leur dette sera significative.

Selon les plus récentes données de Statistique Canada, la dette des Canadiens atteint en moyenne 153 pour cent de leur revenu disponible annuel, un niveau record, même si 70 pour cent de cette dette est constituée d'un prêt hypothécaire.

Les banques et autres institutions financières utilisent les sondages sur des sujets comme la retraite, l'économie, les intentions d'investir ou d'épargner, pour évaluer les sentiments des consommateurs et promouvoir leurs produits et services financiers.

Les banques, assureurs et sociétés de gestion de patrimoine tirent profit des conseils financiers qu'ils offrent en facturant des frais aux consommateurs et font valoir depuis longtemps que les Canadiens doivent placer davantage d'argent dans leurs comptes enregistrés d'épargne-retraite (REER) et avoir recours aux services d'un conseiller professionnel pour les aider à gérer leurs fonds et autres investissements.

L'enquête de la Banque TD a été menée en ligne par Environics Research, du 22 novembre au 2 décembre, auprès de 1006 Canadiens âgés de 25 à 64 ans qui n'ont pas pris leur retraite.

Alors que la plupart des répondants s'attendent à ce que leur retraite soit une période pour relaxer et profiter de la vie, seulement 15 pour cent d'entre eux ont indiqué vouloir travailler tant et aussi longtemps que leur santé leur permettrait.

«La retraite hâtive n'est possible que si on prend les étapes nécessaires pour y arriver», a observé Cynthia Caskey, une gestionnaire de portefeuille pour TD Waterhouse.

«Mais pour s'assurer de vraiment profiter de sa retraite, il est extrêmement important pour les Canadiens de commencer à économiser le plus tôt possible pour sa retraite.»

À cet égard, les rêves de certains Canadiens pourraient bien ne pas être des plus réalistes.

«Pour certains Canadiens, ce ne sera pas une question de choix, ils devront travailler passé 65 ans pour rembourser leurs dettes ou travailler plus longtemps pour pouvoir se permettre une retraite», a poursuivi Mme Caskey.

Les épargnes sont la clé des plans de retraite puisqu'à peine quatre Canadiens sur dix profiteront d'un régime de retraite d'entreprise, et un nombre croissant de ces régimes cessent d'offrir des prestations déterminée en raison de la faiblesse du contexte économique.

Deux nouvelles études laissent croire que les régimes de retraite des entreprises continuent d'éprouver des difficultés.

L'indice de la firme Mercer sur la santé des régimes de retraite a révélé jeudi que malgré une reprise sur les marchés boursiers en octobre, la solvabilité de la plupart des régimes canadiens ne s'était pas améliorée au quatrième trimestre en raison d'une nouvelle baisse des rendements des obligations fédérales. L'indice affiche une baisse de 13 pour cent sur l'ensemble de l'année.

En outre, la firme de consultants Towers Watson a indiqué mercredi que la détérioration des régimes de retraites canadiens en 2011 allait probablement convaincre un plus grand nombre d'employeurs de faire porter une partie du fardeau à laurs employés cette année, notamment en forçant une hausse de l'échelle des âges pour les départs à la retraite.

Selon Towers Watson, la faiblesse des taux d'intérêt et le plongeon des marchés boursiers a lourdement pesé sur les régimes à prestations déterminées. Si les régimes de retraite ne voient pas leur valeur se redresser à long terme, les retraités pourraient se retrouver avec de moindres prestations, a estimé la firme.