Même sans forte augmentation des impôts, le salaire net des Canadiens sera un peu moins élevé à compter du 1er janvier, en raison, notamment, de la hausse des primes d'assurance-emploi.

La Fédération canadienne des contribuables (FCC) affirme que les primes d'assurance-emploi et le Régime de pensions du Canada (RPC) priveront les travailleurs et leurs employeurs d'un total d'environ 306 $ en 2012.

Au Québec, où les contribuables sont déjà parmi les plus fortement imposés au pays, la participation au Régime de rentes du Québec augmentera de 5,6 pour cent, à 2342 $ pour le maximum de gains annuels. Les primes d'assurance-emploi des Québécois connaîtront une hausse de 8,3 pour cent dès le 1er janvier, à 675 $ tout en haut de l'échelle.

À compter du début de l'année 2012, les travailleurs canadiens verront leurs primes d'assurance-emploi augmenter de cinq cents, à 1,83 $, par tranche de 100 $ de revenu imposable, tandis que le maximum de la rémunération assurable passera à 45 900 $, contre 44 200 $ actuellement. De plus, le maximum des gains annuels ouvrant droit à pension sera de 50 100 $, comparativement à 48 300 $ aujourd'hui.

En conséquence, les chèques de paye des employés atteignant le maximum seront inférieurs de quelque 142 $ sur l'ensemble de l'année. Les employeurs seront quant à eux plus durement touchés puisqu'ils seront privés de 164 $.

Bien que les gouvernements n'aient pas directement augmenté les impôts sur les revenus cette année, la Fédération prévoit que les Canadiens auront moins d'argent pouvant être épargné, investi ou dépensé. L'organisme ajoute que les charges sociales augmenteront les coûts engagés par les compagnies pour procéder à des embauches.

«Les gouvernements affirment être inquiets à propos des emplois et de l'économie, mais ils vont tout de même chercher des centaines de dollars sur le revenu imposable dans les poches des contribuables», a déploré le directeur de la Fédération canadienne des contribuables, Gregory Thomas. «L'employeur et l'employé paieront 6630 $ de charges sociales. C'est le prix de l'embauche d'un travailleur canadien.»

Un porte-parole du ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a plaidé que le gouvernement avait mis en place des allégements fiscaux considérables depuis 2006 et que le fardeau fiscal des Canadiens était au niveau le plus bas depuis 50 ans.

«Il n'y aura aucune augmentation du taux de cotisation au RPC. Ce qui est ajusté, c'est le maximum de droits de cotisation seulement, ce qui est fait à chaque année en fonction de l'inflation», a assuré Chisholm Pothier, directeur des communications pour le ministre Flaherty. Il a ajouté que le maximum des prestations du RPC augmenterait de 320 $ en 2012, pour se chiffrer à 11 840 $.

Cependant, la plus importante modification apportée en matière d'impôt concernera le taux d'imposition des sociétés. À compter du 1er janvier, les entreprises verront leur taux d'imposition fédéral passer de 16,5 pour cent à 15 pour cent. Certaines provinces ont également annoncé une baisse de leur taux d'imposition aux sociétés à 10 pour cent.

L'allégement de l'imposition des sociétés est la dernière étape du plan d'Ottawa pour ramener le taux réuni du Canada à 25 pour cent, contre 43 pour cent en l'an 2000.

Cette réduction, qui avait aussi été appliquée en 2011, a été contestée par les partis de l'opposition lors de la dernière campagne électorale fédérale, en mai. Ils affirmaient qu'avec la faiblesse de l'économie actuelle, les quelque 6 milliards $ en revenus ainsi perdus devraient plutôt être investis dans la protection des emplois et la croissance économique. La baisse annoncée pour cette année devrait priver Ottawa de 2,85 milliards $ de revenus.

Les conservateurs de Stephen Harper ont de leur côté fait valoir que le Canada serait davantage compétitif sur le long terme en instaurant une fiscalité plus clémente.

Ottawa a toutefois donné un certain répit aux contribuables plus tôt cette année. En novembre, le ministre Flaherty a réduit de moitié la hausse des primes d'assurance-emploi, à cinq cents plutôt que dix cents qui avaient été prévus pour chaque tranche de 100 $ de revenus imposables. Cette mesure a privé le trésor fédéral d'environ 600 millions $.