On savait que l'économie canadienne avait ralenti durant l'automne après son sprint estival. Les pertes d'emplois et la baisse des mises en chantier étaient de bons indices de ce qui se passait.

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Économie: la confiance des Canadiens s'effondre

On sait aussi désormais que la croissance réelle a été limitée à 0,04 % en octobre, selon les calculs de Statistique Canada qui arrondit toutefois les variations à la première décimale. D'octobre à octobre, l'expansion a tout de même été de 2,7 %.

Ces résultats décevants sont attribuables au repli de 0,2 % de la production de biens. Outre la construction, des reculs ont aussi été observés dans l'extraction minière non minérale (potasse et diamants) et pétrolière, mais surtout dans les services publics (électricité et pipelines).

Le temps clément est responsable de ce dernier repli qui n'aura pu profiter de vagues de froid en novembre et décembre pour se relancer. Au contraire.

L'activité sur les chantiers a aussi diminué, ralentie à la fois par l'accalmie dans l'habitation et par l'entrée en mode d'austérité de plusieurs gouvernements. L'industrie connaît ainsi son premier repli après quatre mois de gain d'affilée.

Fait étonnant, l'agence fédérale rapporte une poussée de la production en usines alors que les ventes des fabricants ont battu de l'aile durant le mois. Elle précise cependant que cela est surtout dû à la production de véhicules, les modèles 2012 faisant leur entrée chez les concessionnaires.

Tout aussi étonnant, on rapporte un repli du commerce de gros alors que l'enquête sur les ventes des grossistes publiée en début de semaine rapportait plutôt une augmentation des volumes.

En revanche, les chiffres du commerce de détail concordent avec ceux de l'enquête sur les ventes des détaillants publiés mercredi. La plupart des autres segments du secteur des services ont connu aussi de légers gains. « Le secteur des services est sur sa lancée pour le sixième mois d'affilée », note Matthieu Arseneau, de la Banque Nationale.

La stagnation d'octobre confirme que la croissance aura été beaucoup plus faible en fin d'année que durant l'été où l'expansion du produit intérieur brut (PIB) réel avait été de 3,5 % en chiffre annualisés.

La Banque du Canada avait prédit une faible avancée de 0,8 %.

Étant donné que le trimestre a débuté sur un erre d'aller fourni par le gain de 0,2 % en septembre, la progression du PIB était de l'ordre de 1,4 % au troisième trimestre, si on fait l'hypothèse d'une stagnation complète en novembre et décembre aussi.

La décélération observée de la production n'avait pas encore touché les recettes fiscales d'Ottawa.

Hier, le ministère des Finances a indiqué que le déficit du mois d'octobre s'est élevé à 2,2 milliards de dollars, soit 1,9 milliard de moins qu'en octobre 2010.

Après sept mois du présent exercice financier, le déficit s'élève à 15,4 milliards, soit 6,1 milliards de moins qu'en 2010.

L'amélioration des finances publiques est surtout le résultat de rentrées fiscales accrues car le service de la dette a augmenté de 600 millions. Les restrictions aux dépenses de programmes se sont élevées à 1 milliard.

« Étant donné le ralentissement économique observé au quatrième trimestre et à prévoir durant les trois premiers mois de 2012, nous ne nous attendons pas à la poursuite des augmentations de rentrées fiscales, prévient Sonya Gulati, économiste chez TD. Si tel devait pourtant être le cas, alors le déficit escompté de 31 milliards sera plus faible. »