L'écart salarial entre les sexes commence tôt: dès le début de leur carrière, les femmes gagnent en moyenne de six à 15 pour cent moins que leurs homologues masculins, révèle une nouvelle étude.

Les professeurs Brahim Boudarbat et Marie Connolly Pray, respectivement de l'Université de Montréal et de l'Université du Québec à Montréal (UQAM), ont examiné la situation de milliers de nouveaux diplômés canadiens deux ans et cinq ans après leur sortie du cégep ou de l'université.

Les caractéristiques personnelles des travailleurs et la nature de leurs emplois «n'expliquent que très peu ces écarts», constatent les deux chercheurs du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO) dans leur rapport, préparé pour le ministère fédéral des Ressources humaines.

En fait, il est généralement plus payant pour une femme que pour un homme d'obtenir un grade universitaire plutôt que de se contenter d'un diplôme collégial, du moins en début de carrière.

«Le niveau de scolarité plus élevé des femmes leur procure un avantage salarial de 1,5 à 1,8 point (de pourcentage) à court terme par rapport aux hommes, mais cet avantage se dissipe à moyen terme», écrivent les auteurs.

«À l'opposé, les choix des femmes au chapitre du domaine d'études (opter par exemple pour l'enseignement plutôt que pour la comptabilité) tendent à les pénaliser puisqu'ils causent un désavantage salarial qui peut atteindre 2,2 points», poursuivent-ils.

Fait intéressant, les contraintes familiales, que les chercheurs mesurent par la présence de jeunes enfants à charge, n'influent que de façon «marginale» sur les écarts salariaux entre les hommes et les femmes.

Les écarts grandissent avec les salaires

L'étude indique ensuite qu'entre 1997 et 2007, l'écart salarial s'est «nettement rétréci» chez les travailleurs gagnant un salaire inférieur à la moyenne. Il s'est toutefois accru chez ceux dont les revenus sont supérieurs.

Dans ce dernier groupe, l'écart entre les sexes va même en augmentant avec les années, «ce qui reflète les difficultés qu'éprouvent les femmes à accéder aux emplois bien rémunérés», observent les auteurs.

«Il devient évident que les hommes et les femmes évoluent à deux vitesses complètement différentes, ce qui ne manquera pas d'aggraver les inégalités économiques entre les deux groupes au fil des années», relèvent-ils.

Les chercheurs se réjouissent des progrès récents des femmes en matière d'équité salariale, mais soulignent qu'un «défi de taille» demeure: celui de briser le «plafond de verre».

«Nos résultats viennent indiquer que le «plafond de verre» n'est pas simplement une question d'accès limité pour les femmes à des promotions et à des postes élevés de la hiérarchie des organisations, puisque cet accès ne peut survenir qu'à long terme, affirment-ils. Il s'agit d'une réalité avec laquelle doivent composer même les femmes en début de carrière.»