La hausse des prix que paient les consommateurs canadiens pour la plupart des biens qu'ils achètent a commencé à ralentir en octobre, passant sous la barre des 3% pour la première fois depuis juillet. Et cela pourrait bien n'être que le début.

Statistique Canada a annoncé vendredi que le taux annuel d'inflation avait baissé de trois dixièmes de point de pourcentage pour s'établir à 2,9% le mois dernier, comparativement à 3,2% en septembre.

Sans les aliments et l'énergie, l'Indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 1,5% pour atteindre 2,1% au cours de la période de 12 mois se terminant en octobre, après avoir progressé de 1,9% le mois précédent.

Cette augmentation est un peu plus forte que ne l'avaient prédit les économistes, mais le fait que l'inflation semble être sur une pente descendante devrait donner une plus grande marge de manoeuvre à la Banque du Canada, qui a résisté jusqu'ici à la tentation de hausser les taux d'intérêt en partant du principe que l'inflation baisserait bientôt après avoir culminé à 3,7% en mai.

L'IPC devrait continuer de baisser durant les prochains mois à mesure que les importantes hausses du prix du pétrole de l'automne dernier perdront leur influence sur l'indice.

Plus tôt cette semaine, les États-Unis avaient rapporté que leur taux annuel d'inflation avait aussi ralenti après avoir atteint des sommets récemment.

«Nous avons connu une augmentation importante (l'année dernière) et, maintenant, les choses se stabilisent, a expliqué David Madani, économiste pour la firme de recherche en macroéconomie Capital Economics. Si les prix de l'essence demeurent à leur niveau actuel, la variation d'une année à l'autre disparaîtra rapidement.»

Le rapport sur l'inflation en octobre permet de mesurer l'impact des prix de l'essence sur l'indice général. Les Canadiens déboursent toujours 18,2% de plus pour faire le plein qu'à la même époque de l'année en 2010, mais cela constitue toutefois une baisse considérable par rapport à la hausse annuelle de 22,7% enregistrée en septembre.

Les analystes ne s'entendent pas sur ce que le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, devrait faire par rapport à la flexibilité que lui offre un taux d'inflation modéré.

M. Madani croit que le premier geste que le dirigeant de la banque centrale canadienne devrait poser est de réduire davantage les taux d'intérêt à court terme afin de galvaniser l'économie. Le taux de financement à un jour de l'institution, fixé à 1%, est déjà extrêmement bas et a fait chuter les taux d'intérêt sur tout, des hypothèques aux prêts-automobiles, à des niveaux historiques.

D'autres pensent que la Banque du Canada ne touchera pas aux taux d'intérêt avant que l'économie ne s'améliore considérablement ou, au contraire, se détériore gravement.

«Ce qu'il faut retenir, c'est que nous croyons que les taux d'intérêt vont demeurer inhabituellement bas pendant une longue période de temps et que le rapport d'aujourd'hui sur l'inflation fournit davantage de renseignements à ce sujet», a résumé David Madani.

Pour l'économiste Robert Kavcic de la Banque de Montréal, la banque centrale a d'autres soucis plus importants que l'inflation présentement. Elle s'attend déjà à ce que le taux de croissance de l'économie recule pour atteindre 1,9% l'année prochaine, une prédiction basée sur l'espérance, chaque jour un peu plus vaine, que l'Europe réussira à contenir la crise qui la secoue sur son territoire.

«Inutile de dire que l'inflation a été supplantée par les problèmes des marchés financiers et l'incertitude économique», a-t-il noté.

Même si la pression exercée par l'inflation s'est relâchée, elle n'en est pas moins présente. Le rapport publié vendredi par Statistique Canada montre en effet que les prix des huit composantes étudiées ont progressé, mais à un rythme plus lent pour la plupart d'entre elles. Le transport et les aliments continuent d'afficher les hausses les plus importantes.

Au Québec, le taux annuel d'inflation a reculé d'un dixième de point de pourcentage. Il était estimé à 3,3% en octobre, comparativement à 3,4% le mois précédent. Les prix de l'essence se sont accrus de 19,9% dans la province alors qu'ils avaient affiché une hausse de 24,9% en septembre.

En Ontario, les prix à la consommation se sont accrus de 2,7%, après avoir progressé de 3,4% le mois précédent.

Au Nouveau-Brunswick, le taux d'inflation a également reculé, passant de 4,2% en septembre à 4,0% en octobre.

De toutes les provinces canadiennes, seule l'Alberta a connu une hausse, son taux faisant un bond de six dixièmes de point de pourcentage pour atteindre 3,4%.