Le gouvernement Harper s'engage à protéger la gestion de l'offre dans les négociations qu'il compte entreprendre avec certains de ses partenaires de l'APEC afin de créer une zone de libre-échange réunissant les pays du Pacifique.

Moins de 24 heures après que le premier ministre Stephen Harper eut confirmé la volonté du Canada de participer aux pourparlers déjà en cours, des ministres du gouvernement conservateur ont tenté de calmer les craintes des partis de l'opposition qui croient que l'on s'apprête à sacrifier un régime qui sert bien les intérêts des producteurs agricoles, notamment dans le secteur laitier.

Le ministre de la Défense, Peter MacKay, a affirmé aux Communes hier que les négociateurs canadiens auront le mandat de protéger la gestion de l'offre, comme ils l'ont d'ailleurs fait dans les négociations avec l'Union européenne en vue de conclure un traité de libre-échange.

«L'approche du Canada à l'égard de ces négociations ne sera pas différente de notre approche dans nos négociations avec l'Union européenne. Je le répète, nous avons officiellement exprimé notre volonté d'adhérer au Partenariat transpacifique. [...] Tous les pays abordent ces négociations avec comme objectif de défendre leurs intérêts. Le Canada le fera certainement aussi. Évidemment, cela veut dire la gestion de l'offre», a affirmé le ministre MacKay.

De sérieux opposants

Le Canada risque toutefois de s'engager dans une rude bataille. Car certains des pays qui sont déjà engagés dans les pourparlers afin de créer cette nouvelle zone de libre-échange - États-Unis, Australie, Brunei, Chili, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, Viêtnam - voient d'un très mauvais oeil le système canadien de gestion de l'offre. Les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande pourraient exiger sa suppression dans le cadre des négociations.

Une récente étude publiée par le Conseil canadien des chefs des entreprises soutenait que le Canada n'aurait pas d'autre choix que d'abandonner ce système s'il voulait être pris au sérieux par les autres pays engagés dans les négociations.

Participant au sommet de l'APEC, en fin de semaine, à Honolulu, à Hawaï, Stephen Harper a surpris plus d'un observateur en affirmant que le Canada participerait aux pourparlers à peine 24 heures après que son ministre du Commerce international, Ed Fast, eut déclaré exactement le contraire parce qu'il serait obligé de renoncer au système de gestion de l'offre.

Selon le porte-parole libéral en matière d'agriculture, Wayne Easter, les agriculteurs canadiens doivent s'attendre au pire.

«Nous savons que l'une des raisons principales pour lesquelles les États-Unis et les autres pays se sont opposés depuis longtemps à la participation du Canada aux négociations du partenariat transpacifique est notre défense énergique de la gestion de l'offre. Que le premier ministre annonce maintenant qu'il a demandé à ce que le Canada participe à ces négociations soulève la question: qu'a-t-il décidé d'abandonner au chapitre de la gestion de l'offre?», a demandé hier M. Easter.

En point de presse, hier, le secrétaire parlementaire du ministre Ed Fast, Gerald Keddy, a affirmé que le gouvernement Harper a toujours défendu cette pratique commerciale et cela ne l'a pas empêché de signer des accords de libre-échange avec d'autres pays, dont les États-Unis et le Mexique.

«La situation n'est pas différente dans ce cas non plus», a dit M. Keddy.

L'Union des producteurs agricoles (UPA) a affirmé hier que le gouvernement Harper a toujours défendu la gestion de l'offre depuis son arrivée au pouvoir.

«Jusqu'à maintenant, le gouvernement de M. Harper a défendu la gestion de l'offre tel qu'il s'y était engagé. Nous avons tendance à croire qu'il va continuer à le faire», a dit Patrice Juneau, conseiller aux affaires publiques de l'UPA.