Le ministre des Finances du Canada, Jim Flaherty, a causé une certaine commotion hier lorsqu'il a dit qu'il pourrait ne pas tenir la promesse des conservateurs au sujet de la compensation de 2,2 milliards de dollars que réclame Québec pour l'harmonisation de la TPS et de la TVQ.

En campagne électorale, le premier ministre Stephen Harper s'était formellement engagé à régler ce contentieux, qui persiste depuis les années 90, avant le 15 septembre.

Il y a trois semaines, le bureau de Stephen Harper avait indiqué à La Presse que les négociations se déroulaient rondement et qu'une entente serait conclue dans le délai prévu.

Or, M. Flaherty a affirmé en point de presse hier qu'il y a toujours un «écart important» entre les deux parties et que les négociations se poursuivent. Résultat: il pourrait être difficile de respecter l'échéancier du 15 septembre.

«Je ne dis pas qu'il n'y aura pas d'entente. Je ne dis pas qu'il y en aura une. Je dis que nous travaillons très fort pour y arriver», a-t-il déclaré. Il a indiqué qu'il s'était entretenu dans les derniers jours avec son homologue de Québec, Raymond Bachand, mais que les fonctionnaires continuaient à négocier.

Ces propos ont provoqué de vives réactions de la part des partis de l'opposition à Ottawa et forcé le bureau du ministre Flaherty à corriger le tir en après-midi.

Interrogé hier, le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, a voulu se montrer rassurant. Il a tenu à atténuer les réserves manifestées par son homologue fédéral.

«Le premier ministre Harper a pris un engagement électoral, et je m'attends à ce que cet engagement soit respecté dans les échéances qui ont été prévues, ou à quelques jours près. Il n'y a aucune raison que ça ne soit pas réglé dans les prochains jours, car on est déjà à la mi-septembre», a-t-il affirmé lors du caucus que tient le Parti libéral en Haute-Mauricie.

M. Bachand a toutefois reconnu que les négociations ne sont pas encore terminées. Il a dit ne pas vouloir négocier sur la place publique, mais il a laissé entendre que la question de la perception était réglée. Ottawa laisserait Québec s'en charger.

En après-midi, le bureau du ministre Flaherty a fait savoir que les négociations progressent et que l'objectif du gouvernement Harper est de conclure une entente d'ici le 15 septembre: «Nous avons pris l'engagement de conclure une entente durant la campagne électorale. Les discussions continuent. Cela se déroule très, très bien avec le gouvernement du Québec. Notre objectif demeure le 15 septembre. L'entente va respecter les demandes du Québec, notamment en ce qui a trait à l'administration de la taxe.»

Le NPD a malgré tout condamné les propos du ministre Flaherty. «Cela ressemble encore une fois à une promesse non tenue des conservateurs. C'était dans leur programme électoral. S'ils ne respectent pas cette promesse, c'est inquiétant parce qu'on est en droit de se demander ce qu'ils vont laisser tomber à l'avenir. C'est de l'argent que les Québécois attendent depuis longtemps», a dit le député néo-démocrate de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice.

Le député libéral d'Outremont, Marc Garneau, a accusé le gouvernement Harper de mauvaise foi, tandis que le chef intérimaire du Bloc québécois, Louis Plamondon, s'est dit «surpris» des propos de M. Flaherty compte tenu de la promesse «ferme» des conservateurs en campagne électorale.