Le gouvernement Harper tient à éliminer le déficit d'ici 2014-2015. Mais il promet d'être «flexible» pour soutenir l'économie canadienne si les circonstances l'exigent.

Le premier ministre Stephen Harper a donné les grandes lignes des priorités de son gouvernement hier alors qu'il s'adressait à son caucus conservateur en prévision de la rentrée parlementaire du 19 septembre. La priorité absolue de la session de l'automne demeurera l'économie, comme le souhaitent les Canadiens, a-t-il affirmé.

«Le Canada continue à bien se tirer d'affaire comparativement à d'autres pays industrialisés. Depuis juillet 2009, l'économie canadienne a créé près de 600 000 emplois. Mais malheureusement, comme nous l'avons vu cet été, l'économie mondiale demeure très fragile», a dit M. Harper.

«Notre gouvernement va continuer d'adopter des mesures pour protéger la sécurité financière des Canadiens et pour créer des emplois maintenant et dans les années à venir. En gérant l'économie, les circonstances font en sorte que nous devons écouter attentivement les Canadiens et que nous soyons flexibles quand c'est nécessaire. Mais en même temps, comme nous l'avons toujours fait, nous allons agir de manière prudente et responsable pour exécuter le mandat fort que nous avons reçu des Canadiens», a-t-il ajouté.

M. Harper a tenu ces propos quelques heures avant que le président des États-Unis, Barack Obama, propose au Congrès d'injecter 300 milliards de dollars de plus dans l'économie américaine pour lutter contre un chômage obstinément élevé à 9,1%, gros point noir de son bilan à 14 mois de la présidentielle de 2012.

Au moment de mettre sous presse, l'agence Bloomberg annonçait que les 300 milliards de dollars prendraient la forme d'allègements fiscaux et de dépenses d'infrastructures, et seraient financés par des hausses d'impôts les années suivantes.

Pour l'heure, le gouvernement Harper ne croit pas qu'il faille adopter de nouvelles mesures pour soutenir la croissance de l'économie canadienne, qui s'est contractée au dernier trimestre après sept trimestres de croissance consécutive.

Les investissements déjà annoncés dans le dernier budget du ministre des Finances Jim Flaherty dans les domaines de l'innovation, la formation et l'éducation supérieure rapporteront des dividendes à long terme, selon le premier ministre. Il a aussi affirmé que les mesures pour soutenir les aînés, les étudiants et les entreprises pour embaucher de nouveaux travailleurs donneront un bon coup de pouce à l'économie.

Mais du même souffle, il a affirmé qu'il est hors de question de ralentir les efforts pour éliminer le déficit, qui devrait atteindre 32 milliards de dollars au cours du présent exercice financier. «Nous allons aussi tout mettre en oeuvre pour éliminer le déficit afin de protéger la situation fiscale et financière enviable du Canada pour soutenir la croissance de l'économie à long terme», a-t-il dit.

Les ministres doivent soumettre d'ici à la fin du mois deux plans de réduction de dépenses de leurs ministères respectifs. Le premier doit contenir des compressions de 5% et le deuxième des réductions de 10%. Ces compressions seront revues par le président du Conseil du Trésor, Tony Clement, et celles qui seront retenues par le cabinet seront incluses dans le prochain budget du ministre Flaherty prévu en février.

Cela dit, le premier ministre promet de «continuer à travailler fort pour conquérir de nouveaux marchés pour les produits canadiens, attirer de nouveaux investissements et créer des emplois pour les Canadiens. Nous allons aussi adopter des mesures de concert avec l'administration Obama pour conserver notre accès au marché américain tout en assurant notre sécurité», a-t-il dit.

Le NPD a réagi au discours de M. Harper en l'accusant de porter des «lunettes roses» alors que les familles canadiennes peinent à joindre les deux bouts, selon la chef intérimaire Nycole Turmel. Elle a pressé le gouvernement Harper à annuler les baisses d'impôts consenties aux entreprises et d'utiliser cette somme pour soutenir la création d'emplois.