Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, partage l'irritation des consommateurs au pays qui jugent inacceptable l'écart entre le prix des produits vendus au Canada et ceux vendus aux États-Unis alors que la valeur du dollar canadien dépasse celle du billet vert américain.

Le ministre demande d'ailleurs au comité des finances nationales du Sénat de se pencher sur ce dossier durant la prochaine session parlementaire qui commence le 19 septembre.

M. Flaherty estime que les consommateurs canadiens devraient profiter du pouvoir d'achat accru que leur procure la force du dollar par rapport à la devise américaine depuis quelques années.

«Les Canadiens travaillent fort pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. Quand ils dépensent leur argent durement gagné, ils sont en droit de s'attendre à payer un prix qui reflète la force de notre dollar. Les Canadiens ont raison d'être irrités quand ils voient un écart important dans le prix sur les mêmes produits vendus des deux côtés de la frontière», affirme M. Flaherty dans une lettre au comité sénatorial.

Le ministre invite le comité à convoquer une liste de témoins - les groupes de consommateurs, les économistes, les petites et moyennes entreprises, les détaillants, les importateurs, et les Canadiens ordinaires - afin de comprendre pourquoi cette situation persiste et si Ottawa doit intervenir.

M. Flaherty craint que cette situation n'encourage les Canadiens à faire davantage leurs emplettes aux États-Unis. Alors que plusieurs entreprises réalisent une part importante de leurs chiffres d'affaires durant les semaines précédant le congé de Noël, une augmentation du magasinage transfrontalier pourrait avoir des conséquences néfastes pour ces mêmes entreprises.

«Nous souhaitons tous que les Canadiens fassent leurs emplettes ici et encouragent les entreprises locales, surtout à l'approche de la saison de magasinage de Noël. Mais nous vivons dans une économie de marché et les Canadiens savent qu'il est avantageux de comparer les prix. Si nous voulons que les consommateurs canadiens fassent leurs achats ici, nous devons avoir des prix concurrentiels», affirme M. Flaherty dans sa lettre.

Selon une étude de la BMO publiée en avril, les consommateurs canadiens paient en moyenne 20% de plus que leurs compatriotes américains sur une vaste sélection de produits. En 2009, l'écart n'était pourtant que de 7% en moyenne.

À titre d'exemple, les Canadiens paient environ 20% pour les mêmes magazines, 28% de plus pour les films DVD Blu-ray et 48% de plus pour certaines marques d'espadrilles, selon l'étude de BMO.

Pas une première

Ce n'est pas la première fois que le ministre Flaherty rabroue les entreprises canadiennes. En 2007, il avait convoqué les membres du Conseil canadien du commerce au détail et des représentants d'importants détaillants afin de les encourager à abaisser leurs prix pour mieux refléter le pouvoir d'achat accru du dollar canadien.

À l'issue de cette rencontre, les grands détaillants avaient affirmé que les prix demeuraient plus élevés au Canada parce que la marchandise avait été achetée et payée il y a plusieurs mois, soit bien avant la montée du dollar canadien. Ils avaient aussi invoqué les coûts liés au transport de la marchandise.

À l'époque, le dollar canadien valait 103,51 cents US. Hier, il s'échangeait à 101,41 cents US et tout indique que le huard demeurera assez fort au cours des prochains mois, voire des prochaines années, étant donné les conditions économiques qui prévalent aux États-Unis et au Canada, selon plusieurs experts.

Il a été impossible hier d'obtenir les réactions du Conseil canadien du commerce de détail au sujet de la sortie du ministre Flaherty.