Le ministre des Finances Jim Flaherty presse les entreprises canadiennes à être moins chiches en utilisant les importantes liquidités qu'elles ont accumulées depuis la crise de 2008 pour investir dans l'achat de nouveaux équipements et la création de nouveaux emplois.

Selon le ministre, il importe que le secteur privé prenne le relais des gouvernements pour soutenir la relance économique qui demeure fragile au pays alors que la tourmente continue de secouer les marchés financiers à travers la planète.

Selon certaines estimations, les entreprises canadiennes ont des liquidités qui atteignent maintenant les 500 milliards de dollars. M. Flaherty, qui s'est fait le champion de la réduction des impôts des entreprises depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir en 2006 en disant que c'est la meilleure façon de créer de nouveaux emplois, souhaite donc un certain retour sur cet investissement d'Ottawa pour réduire le fardeau fiscal des entreprises.

D'autant plus que le programme de relance économique du gouvernement Harper pour contrer les effets de la crise mondiale, évalué à 46 milliards de dollars sur deux ans, a pris fin le 31 mars dernier.

« Nous avons besoin d'investissements solides de la part du secteur privé - dans l'achat d'équipements pour améliorer la productivité, dans l'embauche de travailleurs, entre autres - pour s'assurer que notre économie continue de croître et de créer des emplois et pour soutenir la reprise au Canada », a affirmé hier le ministre Flaherty.

Le taux d'imposition des entreprises est passé de 18 % à 16,5 % le 1er janvier et sera à nouveau réduit à 15 % au début de la nouvelle année. À terme, ces baisses d'impôts aux entreprises priveront le fisc de quatre milliards de dollars en revenu par année.

Le grand argentier du pays a tenu ces propos devant le puissant comité des finances des Communes hier où il a été invité à faire le point sur la situation économique au pays à la lumière des nombreuses secousses qui ont frappé les marchés financiers au cours des dernières semaines.

À ce sujet, le ministre Flaherty a affirmé que les États-Unis et les pays de l'Europe doivent faire le ménage dans leurs finances publiques pour mettre fin à la crise actuelle.

Il a soutenu que les investisseurs ont perdu confiance dans la volonté des gouvernements de plusieurs pays industrialisés de s'attaquer à leur problème d'endettement.

Se voulant rassurant, M. Flaherty a soutenu que le Canada a tous les atouts pour surmonter la crise actuelle, rappelant que le gouvernement Harper compte éliminer le déficit d'ici 2014-15.

« La situation actuelle est surtout un problème de confiance dans les efforts des gouvernements de se doter d'un plan crédible pour réduire leurs déficits », a affirmé M. Flaherty.

« Il paraît évident que pour régler ce problème, il faudra faire des choix difficiles et prendre des mesures énergiques - surtout aux États-Unis et en Europe - afin d'engendrer la confiance dans une reprise de longue durée », a-t-il ajouté.

Devant le comité, le ministre a rejeté les demandes du NPD et du Parti libéral de présenter un nouveau plan pour stimuler la croissance de l'économie dans l'éventualité où l'économie mondiale sombre à nouveau en récession.

« Pourquoi ne pas profiter des faibles taux d'intérêt pour faire des investissements stratégiques et créer des emplois », a demandé la critique du NPD Peggy Nash, qui a accusé le ministre de ne pas avoir de plan B. M. Flaherty a rétorqué que l'augmentation des dépenses des gouvernements et la spirale d'endettement de certains pays sont à l'origine de la crise actuelle et qu'il est préférable de maintenir le cap vers le retour à l'équilibre budgétaire d'ici trois ans.

Prenant la parole après le ministre des Finances, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, s'est aussi voulu rassurant en affirmant que l'économie canadienne devrait continuer à croître malgré la tourmente, mais que la croissance demeurera modeste.

Il a aussi affirmé que la reprise économique aux États-Unis est la plus faible depuis la Grande Dépression. « Ce n'est guère surprenant puisque l'histoire nous enseigne que les récessions qui s'accompagnent d'une crise financière sont généralement plus profondes et sont suivies d'une reprise deux fois plus longue», a-t-il commenté.