Les employés mis à pied par IQT en Ontario lancent un recours collectif de 30 millions de dollars pour récupérer les salaires et les indemnités de départ auxquels ils estiment avoir droit. Une poursuite dans laquelle on apprend que l'unique client de la firme américaine, Bell, lui doit toujours 1 million de dollars.

IQT est ce sous-traitant de Bell qui a fermé sans avertissement ses trois centres d'appels canadiens, dont deux au Québec, il y a un mois. Au total, 1200 travailleurs se sont retrouvés à la rue sans indemnité de départ et sans toucher leurs dernières semaines de salaire.

La poursuite est intentée par deux anciens cadres d'IQT, Bob Brigaitis et sa conjointe Cindy Rupert, qui ont été virés en même temps que quelque 600 employés du centre d'appels d'Oshawa. Ils souhaitent obtenir 20 millions pour récupérer les salaires impayés et 10 millions en dommages punitifs.

«Tous les employés d'IQT ont été choqués d'avoir été traités de cette manière après plusieurs années de loyaux services envers la compagnie, a indiqué M. Brigaitis dans un communiqué. Nous cherchons à être dédommagés pour le salaire qui nous est dû, mais aussi pour nous assurer que des compagnies comme celle-ci ne négligent pas leurs responsabilités envers leurs employés.»

S'il est accueilli, le recours pourrait permettre aux employés ontariens d'IQT d'être dédommagés pour leur mise à pied brutale, mais pas leurs confrères québécois qui travaillaient dans les centres d'appels de Laval et de Trois-Rivières.

L'avocat Ted Charney, qui représente les travailleurs, affirme qu'un cabinet montréalais envisage de s'adresser aux tribunaux à son tour. Mais pas avant que la Commission des normes du travail finisse de colliger les 550 plaintes qu'elle a reçues. Cet organisme provincial pourrait lui-même s'adresser aux tribunaux au terme de son enquête.

Le recours collectif ne vise pas seulement la société, qui ne s'est toujours pas placée sous la protection de la loi sur les arrangements avec les créanciers. Elle cible aussi ses dirigeants et ses propriétaires, qui résident presque tous aux États-Unis.

Le rôle de Bell

La requête soulève par ailleurs des questions sur le rôle de Bell dans la fermeture soudaine des centres d'appels de son sous-traitant. Les plaignants allèguent que Bell doit des paiements d'environ 1 million de dollars à IQT, et ils exigent que cette somme serve à payer les salaires et les indemnités de départ des travailleurs.

«Nous avons écrit à Bell à deux reprises, lui demandant de divulguer s'ils retiennent des sommes d'argent à IQT, a indiqué Me Charney. Nous leur avons demandé une copie du contrat qui les lie à IQT, car nous voulons savoir à quel moment Bell a avisé IQT que son contrat serait résilié. Si Bell a donné un préavis il y a six mois, IQT aurait dû aviser ses employés il y a six mois. Mais Bell n'a pas donné suite à nos demandes.»

La porte-parole de Bell, Marie-Ève Francoeur, a refusé de commenter ces allégations, hier. Elle souligne que l'entreprise a travaillé de près avec les gouvernements du Québec et de l'Ontario dans les enquêtes liées à cette affaire.