Ces jours-ci, la Banque du Canada est confrontée à une énigme.

Maintenant que l'économie canadienne est redressée, la question n'est plus de savoir si la Banque centrale devra augmenter les taux, mais plutôt de savoir si cette hausse aura lieu, tout simplement.

Dans un contexte où la crise de la dette déchire l'Europe et où le déficit paralyse les États-Unis, le gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, n'a cessé de répéter qu'il était inquiet des retombées dont pourrait potentiellement souffrir l'économie canadienne.

Sak Guateri, économiste chez BMO, a écrit dans un rapport que «(ce qui est souvent entendu), c'est que l'économie prendra de l'expansion à une vitesse juste assez rapide pour absorber le ralentissement de l'économie, qui continue de pilonner l'inflation».

Il a ajouté que M. Carney «était coincé entre le risque accru de voir une sous-performance de l'économie canadienne si la demande américaine demeurait faible et/ou, si la crise du crédit en Europe venait à éclater et éclabousser les marchés financiers globaux».

Selon de nombreuses prévisions, la Banque centrale devrait maintenir son taux cible du financement à un jour à 1% quand elle annoncera son taux mardi. Elle dévoilera également son rapport sur la politique monétaire mercredi.

À l'approche de l'automne et de l'annonce du prochain taux en septembre, ce dernier devrait aider à clarifier la vision de la Banque centrale à propos de l'avenir de l'économie, ainsi que ses craintes par rapport au chaos qui secoue la planète économique.

Selon M. Guateri, «un léger ralentissement (...), une fois que l'économie américaine aura repris du poil de la bête et que la crise en Europe se sera estompée, devrait permettre d'atteindre un équilibre convenable».

Cette annonce du taux de la Banque centrale arrive au moment même où les législateurs américains n'arrivent pas à conclure une entente à propos de l'augmentation du plafond de la dette du gouvernement.

La date limite du 2 août pourrait créer une importante onde de choc sur les marchés financiers si les dirigeants américains n'arrivent pas à s'entendre.

L'économiste en chef au Conference Board du Canada, Glen Hodgson, a prédit que la Banque du Canada privilégierait le statu quo pour l'instant, et qu'elle augmenterait ensuite ses taux à l'automne.

«Parce que les États-Unis n'ont toujours pas abouti à une décision à propos du plafond d'endettement, l'augmentation des taux ne ferait que créer de l'instabilité et apporter davantage de risques au Canada», a déclaré M. Hodgson.

Il a ajouté que M. Carney avait raison de s'inquiéter de l'impact de la crise économique grecque sur le secteur bancaire.

Le taux cible du financement à un jour de la Banque centrale influence les taux préférentiels des grandes banques et, par ricochet, les prêts hypothécaires à taux variable et les marges de crédit.