L'armée de consultants qui gravitent autour des programmes de crédits d'impôt à la R-D fait couler beaucoup d'encre. Or, un nouveau phénomène est en train d'émerger, a constaté La Presse Affaires. Attirées par les généreux programmes fiscaux de nos gouvernements, les firmes étrangères de consultation commencent à débarquer chez nous.

Au Québec seulement, la firme locale Pinchevsky est passée aux mains du géant français Alma Consulting en 2008. Une autre firme française, Grande Armée Conseil, a acheté le groupe montréalais Dynavision l'an dernier, pour ensuite avaler le groupe de Québec RS&DE ce printemps.

F. Iniciativas, une firme franco-espagnole, a aussi ouvert un bureau à Montréal en octobre dernier.

Celle qui dirige ce bureau, Lila Abid, admet que la générosité des programmes fédéraux et provinciaux de crédits au Canada éveille l'intérêt à l'international.

«C'est effectivement connu, dit-elle. Quand on regarde seulement au fédéral, on parle d'un budget de 3,5 milliards de dollars. En France, par comparaison, le budget est de 4 milliards d'euros, mais pour un pays qui compte le double d'habitants.»

Mme Abid se défend toutefois d'être venue profiter d'un programme public.

«Notre vocation n'est pas de faire de l'argent sur le dos des contribuables et se rémunérer à 30% à même les crédits d'impôt. Notre but est de travailler à long terme avec les entreprises et former des partenariats durables», dit Mme Abid.

Son entreprise, explique-t-elle, est débarquée ici avec une politique de bas tarifs qui pourrait faire baisser les prix de consultation et à tout le monde.

«On a créé une entité ici. Notre vocation est de créer des emplois ici et de se développer. C'est un projet d'implantation. Notre but n'est pas du tout de délocaliser le travail», ajoute-t-elle.

Romain Gagnon, fondateur du groupe Dynavision, a vendu son entreprise au groupe français Grande Armée Conseil après avoir sollicité plusieurs offres auprès de firmes internationales. Il ne voit pas non plus de problèmes à ce que son industrie s'ouvre sur le monde.

«Notre industrie vit le même phénomène qu'on a vu dans les domaines de la comptabilité ou du droit, par exemple. Raymond Chabot Martin Paré est devenu Raymond Chabot Grant Thornton - une firme québécoise sous un chapeau international. Même chose avec Samson Bélair/Deloitte&Touche. Notre industrie est en train de s'internationaliser au même titre.»