Le gouvernement Harper se range du côté de Postes Canada en imposant dans sa loi d'exception des hausses salariales inférieures à celles que propose la société d'État à ses employés dans sa dernière offre, estime le NPD.

La ministre du Travail, Lisa Raitt, a inclus dans son projet de loi visant à mettre fin au lock-out des 48 000 employés de Postes Canada, déposé lundi aux Communes, des hausses salariales de 1,75% en 2011, 1,5% en 2012, et 2% durant les deux années subséquentes.

Mais Postes Canada offrait 1,9% durant les trois premières années et 2% durant la quatrième année. Selon les calculs du syndicat, la hausse salariale imposée par Ottawa constitue un recul de 875$ en quatre ans pour chacun des employés.

«Imposer des hausses salariales qui sont inférieures à ce que proposait Postes Canada dans sa dernière offre punit les postiers injustement dans un arrêt de travail causé par la décision de la société d'État de décréter un lock-out», a affirmé hier Denis Lemelin, le président du Syndicat des travailleurs et travailleurs des postes (STTP).

Aux Communes, hier, le chef de l'opposition officielle, Jack Layton, a vivement dénoncé cette mesure contenue dans le projet de loi que veut adopter le gouvernement Harper afin de mettre fin au conflit de travail.

«Les employés de Postes Canada ont utilisé les outils légitimes de pression pour défendre leurs droits, tout en continuant de livrer le courrier. La réponse de Postes Canada, qui appartient au gouvernement, a été de mettre le cadenas sur la porte, de suspendre la livraison de courrier. La loi spéciale qui force le retour au travail prend clairement partie pour l'employeur», a dit M. Layton.

Pour le chef du NPD, le gouvernement Harper envoie un message sans équivoque aux travailleurs syndiqués du pays: accepter l'offre de l'employeur, même si elle inacceptable, à défaut de quoi le gouvernement imposera des conditions moins alléchantes.

Le premier ministre Stephen Harper a défendu cette mesure en affirmant que tous les autres employés de l'État ont obtenu des hausses salariales identiques dans leur nouvelle convention collective jusqu'ici.

«Le gouvernement intervient pour protéger les intérêts des Canadiens. Les hausses salariales dans le projet de loi sont les mêmes que celles que le gouvernement a consenties aux autres employés du secteur public. Il s'agit d'un règlement juste pour les employés de Postes Canada aussi», a dit M. Harper.

Les députés ont commencé à débattre du projet de loi hier. Mais avant d'entreprendre le débat, le gouvernement Harper a pris les moyens afin de pouvoir l'adopter rapidement en déposant une motion pour limiter le temps des palabres.

Le gouvernement veut adopter le projet de loi avant la fin de la session parlementaire, prévue demain. Le Sénat devra vraisemblablement siéger en fin de semaine pour adopter à son tour le projet de loi et forcer le retour au travail des postiers lundi.

Postes Canada a mis ses 48 000 employés en lock-out mercredi dernier, après que ceux-ci eurent entamé une grève tournante, le 2 juin.

Avec La Presse Canadienne