Le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) s'est dit déçu et choqué par la décision de Postes Canada d'imposer un lock-out et l'intention du gouvernement fédéral de déposer un projet de loi d'exception pour forcer le retour au travail. Les discussions entre Postes Canada et le STTP doivent se poursuivre aujourd'hui.

Parmi les postiers, la colère est réelle. «C'est malhonnête, Postes Canada a préféré jouer son va-tout. On a maintenant une seule crainte: que ce soit arrangé avec le gars des vues et que la loi soit déjà écrite, critique un employé de Postes Canada de la région montréalaise. Visiblement, Postes Canada ne veut pas négocier. Ils voulaient nous pousser à la grève, pour qu'on porte l'odieux de l'interruption de service. On a accepté les provocations, et finalement, le blocage vient d'eux.»

Après 8 mois de négociations, et 12 jours de grèves tournantes, la situation s'est détériorée entre la direction de Postes Canada et les employés. Postes Canada estime avoir perdu près de 100 millions au cours de la grève, en raison d'une importante baisse du volume de courrier. Une version contestée par les facteurs et le STTP, qui affirment que Postes Canada a volontairement retenu du courrier dans ses centres de tri. Après avoir annoncé une distribution partielle du courrier dans les centres urbains, Postes Canada a finalement opté pour le lock-out.

«Le coût des grèves tournantes devenait irréparable. Il y a aussi eu des incidents à travers le pays avec les employés, et le niveau de négociation n'a pas évolué, il ne démontre pas une volonté d'arriver à une solution. C'est une mesure importante, mais on ne pouvait plus opérer notre réseau et on ne voyait aucune volonté de s'asseoir à la table des négociations», justifie Anick Losier, porte-parole de Postes Canada. Malgré le projet de loi spéciale, Postes Canada dit espérer, encore, «une entente négociée.»

Intervention policière

«Une loi spéciale, c'est vraiment pour empêcher la libre négociation. Ça ne va pas aider au retour du travail», se désole Alain Duguay, président du STTP pour la section de Montréal et de la Rive-Sud. M. Duguay était au centre de tri Léo-Blanchette de Montréal mardi soir, quand les syndiqués ont été accueillis sur leur lieu de travail par une lettre leur annonçant le lock-out. Face à l'attroupement des employés, la direction de Léo-Blanchette a fait appel à la police. «C'est un manque de respect total», regrette M. Duguay.

La deuxième loi spéciale déposée cette semaine par le gouvernement est vue d'un mauvais oeil par le STTP. Accusée d'entraver le processus de négociation, elle laisse aussi bien des questions en suspens. «Est-ce que ça va être une loi de type arbitrage exécutoire? Quelles seront les conditions du retour? On attend ça», dit M. Duguay. Chose certaine, «les employés de Postes Canada se souviendront longtemps du mois de juin 2011», selon lui.

p lisez «L'Exception air canada», l'éditorial d'Ariane Krol en page A32 et «des entreprises revoient leur stratégie», l'article de martin croteau en page 1 de la presse affaires.