La dette totale des ménages canadiens atteint un record de tous les temps, et les consommateurs ont de moins en moins les moyens de continuer à faire rouler l'économie.

Les ménages commencent à être essoufflés, constate Rock Lefevbre, auteur d'une étude sur l'endettement des Canadiens publiée hier par l'Association des comptables généraux accrédités du Canada (CGA-Canada).

Au début de 2011, la dette totale des familles canadiennes atteignait 1500 milliards de dollars. C'est 176 461$ par famille de deux adultes et deux enfants, un sommet sans précédent.

C'est en Colombie-Britannique que les ménages sont les plus endettés, en raison surtout du prix élevé des maisons. Le Québec est au cinquième rang, une place confortable et relativement constante d'une année à l'autre, selon Rock Lefevbre.

Des hypothèques lourdes

Les ménages québécois supportent toutefois des hypothèques de plus en plus lourdes, indique l'étude. Les Québécois consacrent actuellement 6% de leur revenu disponible à payer leur hypothèque, comparativement à 9% en Colombie-Britannique.

Les emprunts contractés pour acheter une maison sont généralement considérés comme une bonne dette, par opposition à ceux qui servent à la consommation courante, qui sont de la mauvaise dette.

«Ce n'est pas toujours vrai, souligne le porte-parole des CGA. S'endetter pour acheter une maison n'est pas une bonne décision pour tout le monde. Plusieurs se mettent à risque parce qu'ils ne considèrent pas tous les coûts associés à la propriété comme les taxes et les assurances et l'entretien.»

Les deux tiers des dettes des ménages canadiens sont contractés pour une hypothèque, et le dernier tiers pour la consommation courante. Cette proportion varie peu, selon les CGA, qui décortiquent le niveau d'endettement des Canadiens depuis 2007.

Les dettes de consommation augmentent toutefois à un rythme plus rapide que les dettes qui servent à accroître le patrimoine, comme les hypothèques.

Récemment toutefois, le rythme d'augmentation des dépenses de consommation a commencé à ralentir. Ce n'est pas nécessairement une bonne nouvelle, selon les CGA.

Ça indique que les gens commencent à atteindre leurs limites et qu'ils ne pourront plus continuer à soutenir la croissance économique, selon Rock Lefevbre.

«On s'est trop fiés sur le consommateur. Il est temps que d'autres moteurs, comme les augmentations de productivité et l'entrepreneuriat, prennent la relève», estime-t-il.

À risque

La dette des Canadiens s'accroît plus vite que leurs revenus, indique aussi l'étude rendue publique hier. C'est particulièrement vrai pour les familles monoparentales et les ménages à faibles revenus, souligne Rock Lefebvre.

Par exemple, les familles monoparentales sont la seule catégorie de ménages dont l'endettement croît avec l'âge.

Comme ce n'est qu'une question de temps avant que les taux d'intérêt augmentent, la situation de ces ménages sera de plus en plus précaire.

Autre constatation préoccupante: de plus en plus de Canadiens arrivent à la retraite avec des dettes. Un tiers des ménages retraités ont une dette de 60 000$ et 17% d'entre eux ont une dette de 100 000$ ou plus.

«Quand on travaille, 60 000$ ne nous semblent pas une grosse dette, mais, à la retraite, il faut commencer à penser que ce sont nos enfants qui pourraient hériter de cette dette», note l'auteur de l'étude.