La réduction de la taille de l'État fédéral ne suffira pas à atteindre les objectifs de réductions budgétaires du gouvernement Harper, a rappelé lundi le directeur parlementaire du budget.

Le dernier rapport de Kevin Page met en doute le réalisme du plan d'austérité des conservateurs, qui repose beaucoup sur la réduction de la taille de l'État.

Le phénomène d'attrition a été surestimé, a ainsi soutenu M. Page. Le budget supplémentaire des dépenses, déposé au Parlement la semaine dernière, prévoit que 6000 emplois à temps plein disparaîtront d'ici 2014, ramenant le nombre de postes gouvernementaux à 365 000.

Le rapport qu'a remis M. Page conclut toutefois que ces éliminations de postes permettront au gouvernement d'économiser un tiers seulement du montant qu'il estime pouvoir épargner pour arriver à ses fins. Le budget de 2010 du ministre des Finances, Jim Flaherty, annonçait des économies de 1,8 milliard par année grâce au gel du budget des dépenses des ministères.

Les budgets de dépenses les plus récents prévoient plutôt une augmentation des coûts reliés à la fonction publique.

Les dépenses pour la fonction publique devraient augmenter de 1,7 milliard, pour atteindre plus de 38 milliards. Les frais généraux - pour les ressources humaines, les technologies de l'information et les services financiers, par exemple - devraient également croître de 235 millions, pour atteindre environ 10 milliards cette année.

«Nous n'arrivons pas aux mêmes chiffres que le gouvernement», a déclaré M. Page en entrevue.

Les dépenses liées au remboursement de la dette devraient connaître la plus importante augmentation, dans un budget où le gouvernement consacre plusieurs milliards de dollars pour stimuler la croissance et l'emploi.

Le rapport de M. Page met en garde contre les coupes annoncées dans le budget d'entretien et dans les frais de réparation. Le gouvernement espère économiser 560 millions cette année en dépenses d'investissements.

«Essayons-nous de réduire les contraintes opérationnelles en coupant dans les frais d'entretien et de réparation?» a demandé le directeur parlementaire du budget. «J'étais sur mon toit la fin de semaine dernière et je regardais ma cheminée, parce que certaines de ses pierres sont sur le point de se détacher (...) Nous devons faire ces réparations. Sinon, nous ne faisons que reporter et créer des problèmes plus importants.

«À première vue, la solution la plus simple semble être de couper dans la réparation et l'entretien des biens matériels et des fournitures. Mais à long terme, il faudra y consacrer de l'argent à nouveau.»

Des coupes importantes sont également prévues chez Énergie Atomique du Canada ltée, que possède le gouvernement. Le gouvernement conservateur souhaite vendre cette société de la Couronne.

Le directeur parlementaire du budget dépose ainsi son rapport juste avant la tenue prochaine du vote aux Communes sur le budget Flaherty. Kevin Page suggère que les députés pourraient remettre en question les hypothèses et le réalisme du budget de dépenses du gouvernement.

«Une étude minutieuse du dossier serait justifiée, étant donné les prévisions d'une augmentation des coûts des services internes, des dépenses liées au personnel et du nombre d'effectifs», note le rapport.

«Nous devons porter une attention particulière à la gestion afin d'atteindre les objectifs gouvernementaux en matière de dépenses de fonctionnement.»