Postes Canada retient volontairement des lettres et courriers prioritaires dans certaines de ses succursales, selon plusieurs employés. Alors que les grèves tournantes se poursuivent dans 13 villes canadiennes, Postes Canada dit n'avoir qu'un seul souhait: retourner à la table des négociations.

Selon des employés de Postes Canada, le courrier, prioritaire dans certains cas, s'empile dans certaines succursales du Québec parce que Postes Canada refuse, selon eux, de l'acheminer à bon port. Le syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) confirme cette situation. «À certains endroits, les postes prioritaires s'empilent. C'est vraiment la décision de Postes Canada de garder ça», dit Alain Duguay, président de la section locale Montréal et Rive-Sud du STTP.

Mercredi, pourtant, Postes Canada a annoncé une réduction de la fréquence des livraisons dans la plupart des zones urbaines du pays, faute de courrier: la grève tournante entamée le 3 juin a fait fuir ses clients. «Il y a eu des réaménagements, mais dire que du courrier est resté sur le plancher, c'est absolument farfelu, répond Anick Losier, porte-parole de Postes Canada. La grève tournante touche le volume de courrier, qui a baissé de moitié, alors que nos coûts restent les mêmes. À l'échelle nationale, il y a un gros impact.»

La chute du volume de courrier ne s'observe pourtant pas partout au pays. Ainsi, le centre de tri Léo-Blanchette, à Montréal, traite un plus grand nombre de lettres et de colis cette semaine qu'au même moment l'an dernier, selon des chiffres transmis à La Presse. «Il serait erroné de suggérer que nos volumes n'ont pas été touchés par les grèves tournantes - ou, plus encore, par l'internet au cours des cinq dernières années, un fait bien documenté que notre syndicat refuse de reconnaître», réplique Mme Losier.

«Un climat de panique»

Le nouvel aménagement des horaires de travail prévu par Postes Canada pour les prochains jours sème également l'inquiétude chez les syndiqués, qui craignent un lock-out partiel. «Il y a un climat de panique chez nos membres», dit M. Duguay. Depuis 1965, jamais la direction n'a fait preuve d'une telle intransigeance, dit le syndicat.

Le STTP se montre prudent et prend le temps de réfléchir à la situation. Mais la menace d'une loi d'exception inquiète. «Ce sont des impressions personnelles, mais nous met-on dans une position pour forcer une loi spéciale? C'est une possibilité. Je ne connais pas la stratégie de l'employeur ni la position du gouvernement», dit M. Duguay.

Hier, le STTP a demandé à rencontrer la partie patronale, pour répondre à la dernière proposition de convention collective. «On veut que le syndicat revienne à la table des négociations et regarde de façon sérieuse l'offre généreuse qu'on a faite», a déclaré Anick Losier.