Le gouvernement Harper promet de s'attaquer au déficit fédéral avec la même vigueur et la même discipline qu'il a affichées pour contrer les effets de la crise économique mondiale en 2009.

Aussi, il tient à éliminer ce boulet financier, qui devrait atteindre les 30 milliards de dollars en 2011-2012, au plus tard en 2014-2015, soit un an plus tôt que l'avait prévu le ministre des Finances, Jim Flaherty, dans son budget déposé le 22 mars à la Chambre des communes - un budget qui n'a pu être adopté avant la chute du gouvernement Harper, qui était minoritaire à ce moment-là.

Dans son discours du Trône lu hier au Sénat par le gouverneur général David Johnston, le gouvernement Harper fait donc de l'élimination du déficit, du maintien des impôts bas et de la libéralisation des échanges ses grandes priorités économiques pour le début de son mandat majoritaire.

Il réitère aussi son intention de présenter le même budget avec quelques ajouts, dont les 2,2 milliards de dollars afin de dédommager le Québec pour avoir harmonisé la TVQ à la TPS dans les années 90. Le ministre Flaherty déposera d'ailleurs son budget lundi.

Pour limiter les dégâts d'une récession économique ayant pris naissance aux États-Unis, le gouvernement Harper a ouvert les vannes de l'État en investissant quelque 46 milliards de dollars sur deux ans pour soutenir l'activité économique.

Ce faisant, Ottawa est retombé dans l'ornière des déficits - un manque à gagner record de 56 milliards a été enregistré en 2009-2010 - et il faut maintenant rétablir l'équilibre budgétaire à court terme maintenant que le pire de la crise est passé.

«Le travail acharné, la détermination et les décisions éclairées nous ont permis de procéder à des investissements extraordinaires en période difficile, tout en évitant d'atteindre des niveaux d'endettement élevés avec lesquels d'autres pays sont aux prises», affirme-t-on dans le discours du Trône.

«Nous devons maintenant adopter une approche semblable pour assurer la croissance dans l'avenir. Il faut éliminer le déficit et rééquilibrer le budget pour que notre économie continue de croître et qu'elle favorise la création d'emplois et pour que le gouvernement fédéral dispose d'une marge de manoeuvre financière suffisante pour prendre des décisions sur l'avenir.»

Un comité du cabinet passera au peigne fin les dépenses du gouvernement l'an prochain afin de dégager des économies annuelles de 4 milliards de dollars. Le gouvernement Harper a promis d'éliminer le déficit sans augmenter les impôts et sans réduire dans les transferts aux provinces pour la santé et l'éducation.

Fidèle à ses engagements de la dernière campagne électorale, le gouvernement Harper accorde une large place à l'économie dans le discours du Trône - près de la moitié du document porte sur «la priorité des Canadiens». «L'emploi et la croissance demeureront les plus hautes priorités de notre gouvernement», affirme-t-on d'emblée.

Ainsi, le gouvernement Harper propose:

> Des investissements ciblés pour encourager la recherche et le développement dans le secteur privé et dans les universités.

> Une aide pour permettre aux travailleurs d'acquérir de nouvelles compétences.

> De conquérir de nouveaux marchés en concluant les négociations de libre-échange avec l'Union européenne d'ici 2012 et l'Inde d'ici 2013. Il s'engage aussi à protéger la gestion de l'offre pour les agriculteurs du pays dans les forums internationaux.

> De mener à bien les pourparlers sur la création d'un périmètre de sécurité avec les États-Unis pour assurer la libre circulation des biens et des personnes à la frontière canado-américaine.

> De réduire la paperasserie administrative des petites entreprises, une tâche qui incombera vraisemblablement au ministre d'État aux petites et moyennes entreprises Maxime Bernier.

Le gouvernement Harper compte aussi aller de l'avant avec la création d'une commission canadienne des valeurs mobilières dans la mesure où il obtient le feu vert de la Cour suprême du Canada. Le ministre Jim Flaherty a soumis un renvoi au plus tribunal du pays pour qu'il statue si les valeurs mobilières relèvent de la compétence des provinces ou du gouvernement fédéral. Les audiences ont eu lieu en avril et une décision est attendue d'ici 12 mois. Certaines provinces, dont le Québec et l'Alberta, s'opposent farouchement aux intentions d'Ottawa dans ce secteur.