Le ministre des Finances Jim Flaherty déposera son budget le 6 juin à la Chambre des communes.Le budget que présentera le ministre des Finances Jim Flaherty le 6 juin confirmera, si besoin est, que le Canada et ses provinces maîtrisent beaucoup mieux les finances publiques que les autres pays membres du G20.

M. Flaherty devrait déposer un plan budgétaire très voisin du budget présenté en mars, dont le rejet par le Parlement avait déclenché les élections.

Il prévoyait un déficit équivalent à 1,7% de la taille de l'économie canadienne et un retour à l'équilibre en 2014-2015, le plus court délai du G7.

Le manque à gagner grimpe à 3,2% du produit intérieur brut (PIB) si on ajoute les soldes budgétaires des provinces et des territoires, selon les calculs des économistes de la Banque TD, publiés hier.

Cela se compare très avantageusement aux 7,5% des États-Unis et du Royaume-Uni, ou au 8,4% du Japon. Seule l'Allemagne fait beaucoup mieux avec un déficit de 1,5%.

Dette publique élevée en Allemagne

La première puissance de la zone euro a cependant une dette publique nette qui équivaut à 54,7% de son PIB, comparativement à 34,1% pour le Canada. Ces chiffres ne tiennent pas compte toutefois de la dette accumulée par les 16 länder ou les 13 provinces et territoires.

Selon TD, la dette nette canadienne totale équivaut à 62,5% du PIB, ce qui se compare très avantageusement aux 135,1% du Japon, 78,6% du Royaume-Uni et 76,7% des États-Unis, selon les données du Fonds monétaire international qui ne compile pas les déficits ni la dette des administrations régionales.

Avec ces calculs partiels, «le déficit et la dette moyens des économies avancées du G20 équivalent en 2011-2012 à respectivement 8,0% et 75,2% du PIB», calculent Sonya Gulati et Derek Burleton, économistes à la banque torontoise.

Ils ont aussi examiné les budgets et la dette de chacune des provinces durant l'exercice en cours. La Saskatchewan, Terre-Neuve-et-Labrador, le Yukon et les Territoires du Nord-Ouest devraient boucler l'exercice avec un excédent, tandis que les autres administrations s'en tireront avec un déficit représentant un maximum de 2,6% du PIB en Ontario. Le Québec s'en tire avec 1,2%.

Du côté de la dette nette, le Québec continue d'avoir le pire bilan et de loin avec l'équivalent de 50,4% de son PIB, un chiffre que lui envient cependant bien des membres du G20.

Devant cette situation enviable, il n'est pas surprenant que la société distincte parvienne quand même à financer sa dette à très bon compte. La semaine dernière, Québec a vendu une tranche de 500 millions d'obligations venant à échéance en 2041. Selon Jean-François Godin, vice-président aux recherches chez Valeurs mobilières Desjardins, l'émission s'est vendue au taux de 4,484%. «La demande était robuste pour cette tranche qui était attendue depuis un certain temps.»

Pour la même échéance et une tranche de 600 millions, l'Ontario a concédé un taux de 4,406%. Ce meilleur taux reflète une meilleure note de crédit: AA- comparativement à A" pour le Québec, selon Standard&Poor's qui vient par ailleurs aussi de porter de AA" à AAA la note de la Saskatchewan. Il s'agit de la meilleure note qu'elle partage avec l'Alberta, la Colombie-Britannique, le Canada ou quelques rares pays comme l'Allemagne ou les États-Unis. La note de nos voisins est cependant sous surveillance avec perspective négative, étant donné l'incapacité des élus à s'entendre sur un plan crédible de redressement des finances publiques.

Les yeux tournés vers les États-Unis

L'essoufflement de la croissance de l'économie américaine depuis le début de l'année n'est pas de nature à rassurer les investisseurs. Cette semaine, Desjardins a légèrement diminué sa prévision d'expansion chez l'Oncle Sam. Pour l'année en cours, ce sera 2,7%, comparativement à 3,0% de ce côté-ci de la frontière.

L'institution lévisienne maintient sa prévision de 2,2% pour le Québec qui profite moins du boom des prix de l'énergie et des biens de base.

Ce pronostic paraît même un peu optimiste, si on le compare à celui de 1,8% publié hier par le Conference Board. «Dans son plan budgétaire de l'an dernier, le gouvernement de la province a annoncé une augmentation de l'impôt et des taxes afin de l'aider à équilibrer les livres d'ici les trois prochains exercices», explique l'économiste Marie-Christine Bernard.