La pauvreté est plus lourde, constate la Société de Saint-Vincent de Paul de Montréal qui aide les plus démunis depuis 163 ans.

«Les gens qui sont pauvres, sont de plus en plus pauvres. Leur situation est plus lourde, plus difficile», dit le coordonnateur Jean-Claude Asselin qui est en contact depuis neuf ans avec les 1400 bénévoles oeuvrant sur le terrain.

Les personnes vivant seules sont les plus mal prises. Impossible de partager les dépenses. Tout leur coûte deux fois plus cher. Dans certains cas, les frais d'habitation accaparent jusqu'à 90% de leurs revenus.

«Une personne seule reçoit environ 590$ par mois d'aide sociale. Si elle doit payer 445$ par mois pour son loyer, 22$ pour le téléphone et 97$ pour l'électricité, il ne lui reste que 26$ par mois pour manger», calcule M. Asselin.

Elle doit finir le mois avec le chèque de 40$ de la Saint-Vincent de Paul pour l'achat de nourriture... et en faisant le tour des banques alimentaires, qui sont de plus en plus sollicitées.

La solitude creuse le fossé entre les riches et les pauvres. «La structure des ménages a subi des changements profonds au cours des dernières décennies. Il n'y a jamais tant eu d'adultes vivant seuls, avec ou sans enfant», indique l'OCDE.

À Montréal, 17% de la population vit seule, par rapport à 11% ailleurs au Québec. Chez les personnes âgées, cette proportion atteint 36%. Montréal compte aussi un tiers de familles monoparentales, bien plus qu'ailleurs au Québec, rapporte l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal.

Pour les couples et les familles biparentales, toutes les dépenses sont divisées par deux, ce qui permet de respirer un peu. Mais leur situation reste précaire. «Il ne faut pas qu'il y ait d'imprévu. Si les lunettes cassent, si le frigo brise, le premier endroit où ils coupent, c'est l'alimentation, parce qu'ils n'ont aucune dépense superflue», dit M. Asselin.

Les ménages québécois moins nantis (20% qui ont des revenus inférieurs) consacrent les deux tiers de leur budget au transport, à l'habitation, à l'alimentation et aux soins de santé, rapporte l'IRIS.

Or, ces quatre postes de dépenses ont gonflé à vu d'oeil depuis 10 ans. Difficile d'encaisser l'augmentation du prix de l'essence à la pompe, des coûts de chauffage, du panier d'épicerie, avec des salaires qui font sur-place. Pour plusieurs, l'endettement devient la voie de secours.