Avec moins d'argent consacré à la santé, la majorité des grandes économies occidentales connaissent une plus grande espérance de vie et un plus faible taux de mortalité infantile que le Canada. Les États-Unis sont les grands cancres de ce palmarès, puisque c'est le pays qui dépense le plus, mais qui se classe bon dernier pour ces deux mesures phares de la santé publique.

Voilà quelques faits saillants d'une vaste étude comparative menée par le Conference Board auprès de 17 pays membres de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Cette recherche sert d'assise à un chantier de plusieurs années baptisé L'Alliance canadienne pour la viabilité des services de santé qui doit être lancé aujourd'hui à Toronto.

«Le Canada a des dépenses générales en santé plutôt élevées, mais des résultats moyens, résume David Stewart-Paterson, vice-président, politiques publiques, du Conference Board. Certains pays comme l'Australie et la Suède dépensent moins sur une base par habitant, mais obtiennent en général de meilleurs résultats.»

En 2008, dernière année où les comparaisons sont possibles, le Canada consacrait 10% de son produit intérieur brut (PIB ou taille de l'économie) en dépenses de santé, soit l'équivalent de 4079$US. Cela le place au quatrième rang pour l'importance du budget, derrière les États-Unis (7538$US, ou 16% du PIB), la Norvège (5003$US) et la Suisse (4627$US), mais très loin devant l'Italie (2870$US) et le Japon (2870$US).

S'il est vrai que les Suisses en ont peut-être pour leur argent avec la deuxième espérance de vie au monde à 82,2 ans, on ne peut en dire autant des Américains, qui se classent bons derniers pour l'espérance de vie (77,9 ans) et le taux de mortalité infantile (6,7 par 1000 naissances).

À l'opposé, c'est au Japon que l'on vit le plus vieux (82,7 ans) et où une femme a le plus de chances de garder l'enfant qu'elle met au monde, après la Suède.

Le Canada est septième pour l'espérance de vie (80,7 ans), mais avant-dernier pour la mortalité infantile (5,1).

Au-delà du palmarès, la recherche tente de cerner pourquoi les États-Unis engloutissent tant d'argent pour si peu de résultats alors que le Japon fait si bien avec si peu.

Le Conference Board fait plusieurs constats. C'est chez l'Oncle Sam que la part du secteur privé est la plus élevée, à hauteur de 8% du PIB, soit l'équivalent de toute l'enveloppe que le Japon consacre à la santé. Au Canada, le secteur privé accapare à peu près le quart des dépenses en santé.

Fait intéressant, la part du secteur public américain se situe dans la moyenne de l'échantillon.

L'étude fait ressortir que les Américains sont ceux qui recourent le plus aux spécialistes, même en première ligne. Or, les spécialistes ont tendance à exiger des batteries de test, souvent très coûteux. Cela a en outre pour effet de multiplier les visites. Fait singulier au pays où on adore la technologie, c'est chez l'Oncle Sam que les dossiers médicaux sont le moins informatisé, ce qui entraîne maints dédoublements. Pas surprenant que ce soit là aussi que la part de frais d'administration, d'assurance et de contentieux est la plus élevée.

On se rend compte en outre que les États-Unis sont bons derniers pour le nombre de lits d'hôpital par 1000 habitants (2,5) comparativement à près de 14 au Japon.

Tout n'est pas noir pour autant, car c'est aux États-Unis que les femmes atteintes d'un cancer du sein ont la plus haute probabilité d'y survivre au-delà de cinq ans de même que les victimes d'un cancer du côlon.

La recherche se penche aussi sur les habitudes de vie et confirme ce qu'on sait déjà: plus d'un Américain sur trois souffre d'obésité comparativement à moins de 4% des Japonais. Or, l'obèse consomme 42% de plus de médicaments qu'une personne de poids normal pour combattre le diabète, l'hypertension ou certaines formes d'hépatites.