Un nouveau pont Champlain, une navette vers l'aéroport et une gare maritime digne de ce nom: Montréal a de grands projets qui nécessitent le soutien d'Ottawa. Mais sans aucun représentant au Conseil des ministres, ces projets risquent de rester en bas de liste des priorités fédérales.

«C'est sûr que ça va avoir un impact, dit Michel Leblanc, président de la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Dans les dossiers complexes, qui demandent des arbitrages, il n'y aura personne de Montréal pour faire valoir ses intérêts, déplore-t-il. «On risque de voir certains dossiers retardés, faute de représentants au Conseil des ministres.»

Toronto, au contraire, a voté «du bon bord», ce qui pourrait l'avantager. Peut-être, et peut-être pas, estime Michel Leblanc. «Les bonnes décisions finissent toujours par se prendre, mais ça peut prendre du temps. Ça peut coûter quelques années de croissance économique moins élevée à Montréal.»

Le président du Conseil du patronat, Yves-Thomas Dorval, a entendu le premier ministre Stephen Harper assurer qu'il gouvernerait pour l'ensemble du pays, et pas seulement pour ceux qui ont voté pour son parti. Il souhaite qu'il tienne cet engagement, notamment pour le pont Champlain.

Le parti nouvellement élu a été le seul à ne pas s'engager à construire un pont neuf, ce qui est bien dommage, selon M. Dorval.

Selon lui, toutefois, le gouvernement Harper n'a pas le choix, il devra trouver une solution à long terme pour remplacer le pont actuel.

«Ce sera probablement un pont payant, ce qu'il n'a pas voulu aborder pendant la campagne électorale pour ne pas perdre d'appuis au sud de Montréal», estime-t-il.

Certains, comme Simon Prévost, président des Manufacturiers et exportateurs du Québec, pensent que le gouvernement Harper va peut-être avoir recours à un non-élu pour le représenter à Montréal, comme il l'avait fait en nommant Michael Fortier au Sénat.

Peu importe la manière, il faut absolument que le gouvernement montre qu'il comprend la réalité des centres urbains, estime Michel Leblanc. «Montréal, c'est 10% du PIB du Canada», souligne-t-il.