Se relevant avec peine d'une grave récession, l'important secteur manufacturier de l'Ontario tient au moindre avantage fiscal pour l'aider à déjouer la concurrence internationale.

Surtout dans l'industrie automobile, où des dizaines de fabricants de pièces ont fermé leurs portes depuis cinq ans et des milliers d'emplois plutôt bien rémunérés dans le secteur manufacturier ont été perdus.

«Dans notre secteur, l'enjeu le plus important de cette élection fédérale est le sort réservé aux avantages fiscaux proposés dans le dernier budget conservateur, en particulier l'amortissement accéléré des investissements dans le secteur manufacturier», indique Steve Rodgers, président de l'Association des manufacturiers de pièces automobiles.

Selon M. Rodgers, le maintien de cet avantage fiscal serait crucial pour relancer la modernisation des usines et la création d'emplois dans un secteur qui émerge d'une période éprouvante.

La quasi-faillite et la réorganisation de deux des plus gros clients des fabricants de pièces automobiles en Ontario, General Motors et Chrysler, a laissé de profondes cicatrices. Que même la meilleure résistance des usines d'assemblage en Ontario des firmes japonaises Honda et Toyota n'a pu combler.

«Nous sommes passés de 85 000 emplois directs en 2007 à un creux de seulement 50 000 emplois en moins de deux ans, au début de 2009», relate M. Rodgers, lors d'un entretien avec La Presse Affaires.

«Nous sommes remontés depuis à un niveau de 72 000 emplois directs. Mais ça sera difficile de récupérer toutes les pertes, certainement pas d'ici quelques années à mon avis».

Dans l'ensemble du secteur manufacturier en Ontario, c'est de la perte de quelque 200 000 emplois directs en quelques années dont font part les dirigeants de groupes comme Manufacturiers et Exportateurs canadiens (MEC).

«L'impact économique et social de ces pertes est considérable, si l'on pense à l'effet multiplicateur de chaque emploi dans le secteur manufacturier», indique Ian Howcroft, vice-président pour l'Ontario de MEC.

Maintenant, souligne-t-il, plusieurs localités du sud de l'Ontario qui ont perdu des emplois manufacturiers liés à l'automobile cherchent à attirer des investissements dans de nouveaux secteurs, comme les technologies des énergies dites «vertes».

Depuis quelques années, le gouvernement de l'Ontario promeut le développement de capacité de production d'électricité de sources renouvelables avec des contrats d'achat d'énergie à prix subventionnés.

«Il y a encore beaucoup de place pour l'entrepreneuriat industriel innovateur en Ontario et c'est crucial pour l'avenir de notre économie, selon M. Howcroft.

«Mais pour bien soutenir la concurrence internationale, surtout avec un dollar canadien fort qui désavantage les exportateurs et favorise les importateurs, ça prend certains avantages spécifiques comme des bonis fiscaux à l'investissement pour susciter des projets créateurs d'emplois.»