Consensus au sein de la classe politique fédérale: les quatre principaux partis au pays ne réclament pas de changements majeurs aux règles régissant votre prêt hypothécaire.

Seul le Bloc québécois propose un changement significatif pour les futurs acheteurs: un crédit d'impôt pour l'achat d'une première maison. «Nous aimerions une subvention directe ou un crédit d'impôt pour les acheteurs de première maison, pas un prêt qui augmenterait l'endettement des ménages», dit le député bloquiste Pierre Paquette.

En janvier dernier, le ministre fédéral des Finances Jim Flaherty a resserré certaines règles des prêts hypothécaires, limitant notamment la durée maximale d'une hypothèque à 30 ans. La décision a été bien accueillie par les partis de l'opposition à Ottawa. «M. Flaherty avait raison de faire un quart de tour pour fermer le robinet, dit le député néo-démocrate Thomas Mulcair. Il ne fallait pas réchauffer le marché immobilier. Je voyais beaucoup de jeunes ménages qui s'embarquaient à la limite, avec un taux variable très faible, aussi bas que 2,75%. Quand les taux vont augmenter et qu'ils vont fermer leur hypothèque à 5% ou 6%, ça va complètement changer les finances de ces jeunes familles.»

Sa collègue libérale Alexandra Mendès rappelle que les conservateurs ont laissé les institutions financières accorder des prêts hypothécaires de 40 ans à leur arrivée au pouvoir en 2006. En octobre 2008, le gouvernement Harper a exigé une mise de fonds minimale de 5% en plus de ramener la durée maximale d'une hypothèque à 35 ans. «Ils se sont rendu compte de leur erreur, mais ils ont permis à des personnes d'accéder à des maisons plus cher que ce qu'elles pouvaient peut-être se permettre», dit la députée libérale de Brossard - La Prairie.

L'économiste Pascal Gauthier suggère aux politiciens fédéraux d'attendre un peu avant d'apporter d'autres changements aux règles hypothécaires. «Nous sommes à l'aise avec les changements apportés par le gouvernement fédéral, dit l'économiste de la Banque TD. Laissons le temps au marché de s'ajuster. Rien n'exige d'autres changements immédiats à la réglementation.»

---------------

Trois propositions des agents immobiliers

1-Indexation du régime d'accès à la propriété (RAP)

Le RAP permet de puiser sans pénalité dans son REER pour acheter une première maison. Le retrait maximal de 20 000 $ a été haussé à 25 000 $ par le gouvernement Harper en 2009. L'Association canadienne de l'immeuble (ACI) propose d'indexer le montant maximal du RAP, qui serait de 28 564 $ s'il avait été indexé à l'inflation depuis sa création en 1992. «Les jeunes acheteurs doivent conserver le pouvoir d'achat de leur RAP au fil des ans», dit son porte-parole Pierre Leduc.

2-Meilleure divulgation des pénalités de remboursement anticipé de l'hypothèque

«On ne demande pas de changer les règles, mais les calculs doivent être plus clairs et mieux expliqués aux acheteurs», dit Pierre Leduc.

3-Permettre le report de l'impôt fédéral sur les gains en capital lors de réinvestissements immobiliers

«Beaucoup de propriétaires ne vendent pas leurs immeubles à logements car ils ne veulent pas payer la taxe sur le gain en capital, dit Pierre Leduc. Ils préfèrent attendre avant de vendre. Pendant ce temps, ils sont moins enclins à faire certaines rénovations.»

L'ACI représente plus de 100 000 agents immobiliers au pays.