L'énergie vole la vedette de la campagne électorale dans les Maritimes. Chaque province a son dossier énergétique de prédilection et les plates-formes électorales des principaux partis sont évaluées en fonction de cette question. Les défis économiques sont pourtant légion dans cette région du pays, aux prises avec un vieillissement accéléré de sa population. Tour d'horizon des principaux enjeux économiques.

«Le projet hydroélectrique du Bas-Churchill suscite beaucoup d'intérêt en Nouvelle-Écosse, indique Fred Morley, premier vice-président de la Chambre de commerce du Halifax métropolitain et son économiste en chef. Le portefeuille énergétique de la province dépend du pétrole et du charbon. Nous sommes vulnérables aux variations de prix sur les marchés mondiaux et nous polluons. Avoir accès à l'hydroélectricité du Bas-Churchill, quoiqu'elle ne serait pas bon marché, est bien vu.»

La province est elle-même productrice de gaz naturel. Ses exportations décroissent depuis 2008, à cause des bas prix du gaz. L'entrée en production d'ici la fin de 2011 d'un nouveau gisement, Deep Panuke, freinera le déclin observé ces deux dernières années.

Cela dit, la principale crainte des Néo-Écossais au sujet de l'économie porte sur la pérennité des emplois fédéraux. Halifax abrite les quartiers généraux de la marine canadienne. «Tôt ou tard, le gouvernement fédéral devra adopter des mesures d'austérité et nous craignons d'en faire les frais comme au milieu des années 90, où l'on avait perdu 6000 emplois fédéraux en Nouvelle-Écosse, se rappelle Fred Morley. On ne veut pas revivre la situation.»

Adjacent à la marine se trouve le chantier naval d'Halifax et ses 1000 travailleurs. Celui-ci espère mettre la main sur les contrats du gouvernement fédéral pour lesquels il est en concurrence avec la Davie de Lévis. Des nouvelles sont attendues d'ici la fin de l'année.

Halifax a le luxe de se montrer patient. Porte d'entrée de l'Atlantique, fief de la défense nationale, capitale régionale financière et forte de six universités, la métropole de la Nouvelle-Écosse dispose d'une économie diversifiée. Son taux de chômage, sous les 7%, est de 2 points inférieur au taux provincial. La construction résidentielle se porte bien avec 3800 mises en chantier prévues en 2011. La région travaille à la construction d'un centre des congrès dernier cri avec hôtel d'une valeur de 500 millions de dollars.

Pointe Lepreau au Nouveau-Brunswick

Dans la province voisine, l'enjeu énergétique tourne autour de la remise à niveau de la centrale nucléaire de Pointe Lepreau, dont les dépassements de coûts de 1 milliard et des retards de 3 ans sur l'échéancier original sont en voie de devenir légendaires. Pointe Lepreau est muni d'un réacteur Candu comme Gentilly-2 qu'Hydro-Québec souhaite remettre à niveau d'ailleurs. Il en coûte un million de dollars par jour à Énergie Nouveau-Brunswick en énergie de remplacement. Les Néo-Brunswickois aimeraient bien que le fédéral ramasse cette dernière facture. «Ignatieff et le parti libéral ont indiqué qu'ils s'assoiraient pour en discuter. M. Harper n'a rien dit encore», fait savoir Pierre-Marcel Desjardins, professeur d'économie à l'Université de Moncton.

Nancy Whipp, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce du grand Moncton redoute l'impact sur la croissance économique des compressions de 60 millions annoncées au dernier budget à l'Agence de promotion économique du Canada Atlantique. «C'est un important employeur à Moncton, l'agence occupe un immeuble quasiment au complet», dit-elle.

Par ailleurs, le Nouveau-Brunswick et le Québec ont bien des points en commun. La population y est vieillissante, la province est endettée et la forêt est en crise. La province a même son plan nord.

À la différence toutefois de sa voisine, la province a mené à terme son projet de port méthanier à Saint John. Son ouverture a permis de contribuer favorablement aux exportations de la province au même titre que le pétrole. La seule province bilingue du Canada n'a pas de champ pétrolifère, mais la raffinerie Irving fait d'elle un exportateur net de produits pétroliers raffinés qu'elle expédie dans le nord-est des États-Unis, d'expliquer le professeur Desjardins.

Deuxième producteur de potasse au pays après la Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick profiterait en 2012 de l'ouverture d'une seconde mine dans la région de Sussex.

Du côté des pêcheries, l'Union des pêcheurs des Maritimes réclame le rachat de permis de pêche par le gouvernement fédéral ce qui permettrait de partager la tarte des ressources halieutiques en parts plus grosses et moins nombreuses.

Troisième câble sous-marin pour l'Î.-P.-É.

À l'Île-du-Prince-Édouard, on réclame l'installation d'un troisième câble sous-marin pour assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique de l'île en cas de panne majeure. L'intervention viendrait en outre diminuer la dépendance de la plus petite province canadienne aux combustibles fossiles. Elle lui permettrait également de revendre plus facilement son électricité de source éolienne, en expansion. Les chefs fédéraux n'ont pas encore pris d'engagement à cet égard.

La récession de 2009 et la montée du dollar ont fait mal à ses secteurs agricoles et touristiques. Le gouvernement local a mis en oeuvre en 2010-2011 un ambitieux plan quinquennal d'investissements publics pour contrer les effets de la crise. Les efforts de diversification des dernières années commencent à porter fruits, en aérospatiale en particulier.

ÎLE DU PRINCE-ÉDOUARD

Population: 142 266

PIB: 4,7 milliards $

PIB/habitant : 33 665$

Taux de chômage: 11,2%

NOUVELLE-ÉCOSSE

Population: 942 506

PIB: 34,3 milliards $

PIB/habitant : 36 505$

Taux de chômage: 9%

NOUVEAU-BRUNSWICK

Population: 751 755

PIB: 27,5 milliards $

PIB/habitant : 36 696$

Taux de chômage: 9,6%

TERRE-NEUVE ET- LABRADOR

Population: 509 739

PIB: 24,9 milliards $

PIB/habitant : 49 140$

Taux de chômage: 12,4%