Le gouvernement conservateur de Stephen Harper est tombé. Le premier ministre ira à Rideau Hall samedi matin, pour demander au gouverneur général, David Johnston, de dissoudre le Parlement et ainsi déclencher une campagne électorale. Voici un résumé des enjeux économiques de cette campagne.

- Les finances publiques: Les conservateurs promettent de rétablir l'équilibre budgétaire dès 2015-2016, notamment en réduisant la taille de l'État. On ne sait rien sur les compressions envisagées, mais les partis d'opposition laisseront certainement planer le doute sur les intentions des conservateurs en ce qui a trait aux programmes sociaux ou à la culture, entre autres.

- Les baisses d'impôt promises aux grandes entreprises: Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Harper a baissé l'impôt des grandes sociétés à deux reprises. Une troisième baisse est prévue pour 2012. Les conservateurs y voient une mesure de stimulation économique. L'opposition croit plutôt qu'Ottawa devrait continuer à percevoir l'argent afin de le redistribuer aux moins bien nantis.

- La taxe de vente harmonisée: L'harmonisation a rapporté 4,3 milliards $ au gouvernement de l'Ontario et 1,6 milliard $ à celui de la Colombie-Britannique mais plusieurs citoyens et entreprises affirment qu'elle a fait grimper les prix de certains produits et services alors que le pays émerge à peine d'une récession.

- La Commission nationale des valeurs mobilières: Le milieu des affaires ontarien tient à la création d'un tel organisme, qui concentrerait probablement les pouvoirs de surveillance des marchés et d'enquêtes sur les contrevenants à Toronto. Il bénéficie de l'appui indéfectible du ministre des Finances, Jim Flaherty, mais la majorité des provinces s'y opposent.

- La fusion des bourses de Toronto et de Londres: La transaction annoncée en février suscite l'inquiétude du milieu torontois de la finance. Les grandes banques et le ministre ontarien des Finances craignent un déplacement du centre décisionnel vers le Royaume-Uni. Ottawa a indiqué qu'il étudierait la question en vertu de la Loi sur Investissement Canada.

- Le développement du Bas-Churchill: Le départ à la retraite de leur ennemi juré Dany Williams pourrait permettre aux conservateurs de remettre le pied à Terre-Neuve. Ils devront cependant bien jouer leurs cartes. Terre-Neuve veut en effet développer le Bas-Churchill et demande l'appui financier d'Ottawa afin de construire une ligne de transport sous le Saint-Laurent. Le Québec s'y oppose.

- La transparence et la reddition de comptes: Les conservateurs sont arrivés au pouvoir dans la foulée du scandale des commandites en promettant une nouvelle ère de transparence à Ottawa. Cinq ans plus tard, des dizaines d'incidents ont terni leur image, qu'il s'agisse du cafouillage entourant le recensement, de leur refus de rendre accessibles des documents sur les détenus afghans ou de leurs conflits avec Élections Canada et des accusations portées contre des membres influents de leur parti pour le «in and out».

- L'achat de matériel militaire: Les conservateurs ont commandé 65 avions de chasse F-35 sans faire d'appel d'offres. D'après le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, cet achat pourrait coûter près de 30 milliards $ aux contribuables. Les libéraux ont indiqué qu'ils annuleraient le contrat octroyé à Lockheed Martin s'ils étaient élus.

- L'environnement et les changements climatiques: Cet enjeu récoltera probablement moins d'attention cette fois-ci qu'en 2008, alors que les libéraux tentaient de vendre leur «Plan vert» aux électeurs, mais la lutte contre les changements climatiques divise encore les élus. Les conservateurs souhaitent que le Canada fasse sienne la stratégie des États-Unis dans le cadre d'une «approche continentale» tandis que les partis d'opposition martèlent que le temps est compté et qu'il faut agir vite.