La situation budgétaire du gouvernement fédéral continue de s'améliorer de mois en mois. À un point tel que le ministre des Finances, Jim Flaherty, pourrait revoir à la baisse le déficit pour l'exercice financier de 2010-2011 lorsqu'il déposera son prochain budget dans trois semaines.

Le ministère des Finances a rapporté hier que le déficit pour le mois de décembre a atteint 1,4 milliard de dollars, soit presque deux fois moins que les 3,1 milliards de déficit enregistrés au mois de décembre 2009. Les revenus provenant des impôts des particuliers et des sociétés ont augmenté de 1,4 milliard pendant le dernier mois de l'année 2010 - un signe que l'économie canadienne prend du mieux.

Pour les neuf premiers mois de l'exercice 2010-2011, le manque à gagner s'est élevé à 27,4 milliards - 12 milliards de moins comparativement à la même période un an plus tôt (39,4 milliards).

Fait à noter, une tranche d'environ 12 milliards du déficit des neuf premiers mois est liée aux mesures prises par le gouvernement Harper pour relancer l'économie canadienne à la suite de la récession. Ces mesures doivent prendre fin le 31 mars.

Dans son dernier budget, le ministre Flaherty prévoyait un déficit de 45,4 milliards pour l'exercice en cours. Or, il ne reste que trois mois avant la fin du présent exercice financier, de sorte qu'il est plus que probable qu'Ottawa enregistre un déficit inférieur.

Le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, s'est avancé récemment pour prédire que le déficit de 2010-2011 ne devrait pas dépasser les 40 milliards.

Le ministre Flaherty s'est engagé à éliminer le déficit d'ici 2015 sans augmenter les impôts et sans sabrer les paiements de transfert aux provinces. Il compte y arriver essentiellement en limitant la hausse des dépenses du gouvernement fédéral et en mettant fin aux mesures visant à stimuler l'économie. M. Flaherty devrait déposer son prochain budget le 22 mars.

Selon l'économiste en chef de la Financière Banque Nationale, Stéfane Marion, l'économie canadienne ne peut que profiter de la reprise de la demande nationale aux États-Unis. Le seul nuage à l'horizon pourrait venir d'un choc pétrolier si la crise en Libye s'aggrave.

«Pour le moment, la trame de fond demeure assez favorable. Je ne suis pas inquiet outre mesure au sujet de la bonne tenue de l'économie canadienne», a dit M. Marion.

Pour ce qui est du déficit à Ottawa, M. Marion estime que les investisseurs voient d'un bon oeil le bilan financier global du Canada comparativement aux autres pays industrialisés.

Selon l'économiste Sonya Gulati, de la Banque TD, le gouvernement fédéral n'aura aucune difficulté à atteindre ses objectifs budgétaires en 2011 en raison de la croissance de l'économie. Mais la situation pourrait être plus corsée en 2012, étant donné qu'on prévoit un taux de croissance plus modéré.

Dans un discours à Halifax, hier, le ministre Flaherty a réitéré que son prochain budget ne contiendra pas de nouvelles dépenses importantes - un signal qu'il n'est pas prêt à répondre aux exigences du NPD, le seul parti qui pourrait appuyer le gouvernement minoritaire conservateur, et ainsi lui éviter une défaite sur le budget aux Communes et des élections générales au printemps.

«Nous avons besoin d'un budget raisonnable pour les Canadiens», a-t-il affirmé.

Le critique libéral aux Finances, Scott Brison, a rétorqué que le gouvernement Harper demeure le plus dépensier de l'histoire du pays. Et il a de nouveau critiqué la décision du gouvernement Harper de réduire les impôts des entreprises alors qu'Ottawa nage encore dans l'encre rouge.

«Jim Flaherty ne cesse de dire que son gouvernement doit 'maintenir le cap', mais ce 'cap' est un échec à la fois d'un point de vue social et fiscal. La vérité est qu'il s'agit du gouvernement le plus gaspilleur, le plus dépensier et le plus grand emprunteur que ce pays n'ait jamais vu», a dit M. Brison, rappelant au passage le déficit de 56 milliards enregistré l'an dernier.