Le taux de chômage a augmenté en janvier tant au Canada que dans sa société distincte alors qu'il a diminué aux États-Unis.

Pourtant, le marché du travail s'est davantage amélioré de ce côté-ci de la frontière alors que les blizzards ont forcé messagers et travailleurs de la construction au chômage et convaincu des centaines de milliers d'Américains d'attendre un temps plus clément avant de se remettre à chercher activement du travail.

Il s'est créé 69 200 emplois, d'un océan à l'autre dont 3100 au Québec en janvier, indique l'Enquête sur la population active de Statistique Canada, mais la cohorte de la population active s'est enrichie de 106 400 personnes, soit quatre fois plus que l'augmentation de la population de 15 ans et plus durant le mois. Le taux d'activité est passé de 66,7% à 67,0%. Voilà pourquoi le chômage a augmenté de deux dixièmes à 7,8% au Canada. «Si le taux d'activité était resté

à 66,7%, alors le taux de chômage serait tombé à 7,2%, note Sheryl King, économiste en chef et stratège pour le Canada chez Bank of America - Merrill Lynch. Elle soutient que l'accélération de la croissance américaine va stimuler l'emploi en usines qui s'est maintenu en janvier malgré le bond record de plus de 65 000 embauches en décembre.

Au Québec, la population active s'est accrue de 22 200, ce qui a hissé le taux de chômage de quatre dixièmes à 7,9%. «La hausse du taux de chômage déçoit, mais l'augmentation de la population active est un signe de vitalité pour une économie», résume Joëlle Noreau, économiste principale chez Desjardins.

Le Québec a plus que récupéré les emplois perdus durant la récession, mais le rythme de la création d'emplois a beaucoup ralenti. Il est inférieur à 5000 en moyenne depuis trois mois contre près de 26 000 en moyenne en Ontario, à qui il manque cependant encore 5000 emplois pour effacer les pertes de la récession, selon les calculs de Sonia Gulati, économiste chez TD.

Les gains canadiens étaient bien répartis, avec 31 000 emplois à temps plein et 38 000 à temps partiel. Le secteur public a embauché un peu plus que le privé et une vingtaine de milliers de personnes de plus se sont déclarés travailleurs autonomes.

Fait à signaler, la majorité des nouveaux emplois ont trouvé preneurs parmi les femmes. «Lorsqu'on regarde la création d'emplois chez celles-ci en 2010, elle a été d'à peine 1%, soit la plus faible depuis 1994, à l'exception de 2009, observe Marie-Claude Guillotte, économiste chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. On peut en conclure qu'un rattrapage était à faire.»

Avec ces bons chiffres, le Canada a rattrapé tous les emplois perdus, mais le nombre d'heures travaillées traîne encore tout comme le nombre d'emplois à temps plein. «Plus de 50% du déficit des heures travaillées totales tient à la tranche des 15-24 ans (14,3% de l'emploi total) où les emplois sont encore en baisse de 8,4%», calculent Yanick Desnoyers et Matthieu Arseneau de la Banque Nationale.

Cette réserve émise, le marché du travail reste beaucoup plus sain de ce côté-ci de la frontière. Chez l'Oncle Sam, le nombre de salariés a augmenté de seulement 36 000 en janvier, mais le taux de chômage a reculé de quatre dixièmes à 9,0%, le plus faible en 21 mois, selon les données du Bureau of Labour Statistics (BLS).

L'enquête auprès des ménages révèle que plus d'un demi-million d'Américains avaient renoncé à se chercher du travail, qui par dépit, qui à cause du mauvais temps.

Les optimistes sont donc d'avis que la situation se redressera en février, ce qui pourrait faire monter le taux de chômage, malgré une plus forte augmentation de la cohorte des salariés.

Les plus pessimistes réitéreront que la croissance qui s'accélère ne générera pas autant d'emplois qu'escomptés à cause de changements structurels.

Le taux d'activité s'élevait 64,2% en janvier, le plus faible depuis mars 1984.

Rare note positive au tableau, le nombre de chômeurs depuis plus de 27 semaines est passé de 6,4 à 6,2 millions. «C'est massif sur une base historique et reflète le problème du chômage structurel dans le marché du travail américain», note Avery Shenfeld, économiste en chef chez CIBC.

Le BLS a aussi annoncé des révisions basées sur des données censitaires plus récentes. Les emplois créés en 2010 passent de 1,12 million à 909 000. La récession a détruit 8,75 millions d'emplois. Il en reste 7,05 millions à récupérer.

Les États-Unis comptent 14,82 millions de demandeurs d'emplois.