Par un coup de baguette magique statistique, 76 000 emplois se sont volatilisés d'un océan à l'autre en décembre, dont 10 000 au Québec. Cela signifie qu'il manque encore 30 000 emplois pour que le Canada ait récupéré tous ceux détruits par la récession.

Le Québec s'en tire nettement mieux avec encore 60 000 de plus qu'au sommet précédent d'octobre 2008. En prime, son taux de chômage en décembre, annoncé initialement à 7,6 %, diminue à 7,5 %, alors que le taux moyen canadien reste à 7,6 %.

Comme elle le fait tous les cinq ans, Statistique Canada a annoncé hier les résultats de la révision des estimations de son Enquête sur la population active (EPA). L'EPA évalue les taux d'activité, d'emploi et de chômage à partir d'une enquête auprès de quelque 53 000 ménages.

Pour arriver à prendre le pouls du marché du travail, l'agence fédérale fait ensuite des estimations fondées sur les données censitaires. Jusqu'en décembre, c'était le Recensement de 2001 qui servait de référence. La révision est fondée sur celui de 2006.

« Compte tenu de cette révision, la population canadienne totale a été révisée à la baisse, soit de 0,3 % de moins qu'elle ne l'était, ce qui correspond à environ la moitié du pourcentage de la révision précédente qui a eu lieu en 2005 », précise StatCan.

De cette révision découle aussi une diminution du niveau de l'emploi de 0,6 %, attribuable à une augmentation moins grande que prévue de la cohorte des 25-54 ans où est concentrée la plus grande partie de travailleurs.

Au final, le nouveau tableau fait part de pertes de 428 000 emplois durant la récession (11 000 de plus) et d'un rattrapage de 398 000 depuis (65 000 de moins).

« En moyenne, le Canada a créé en moyenne 25 000 emplois par mois depuis la reprise plutôt que 31 000 », fait remarquer Krishen Rangasamy, économiste chez CIBC.

Cela reste un rythme appréciable qui ne pourra être soutenu avec le ralentissement de tempo observé ces derniers mois alors que le Canada est passé de la phase de reprise à celle d'expansion.

« Nous anticipons des gains mensuels d'environ 15 000 pour un total de 175 000 pour l'ensemble de 2011 », précise Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marché des capitaux. En 2010, il s'en est créé 298 000 (plutôt que les 369 000 avant révision).

Toutes ces révisions restent bénignes et ne changent en rien le bilan d'un marché du travail beaucoup plus en santé de ce côté-ci de la frontière.

Pour nous en convaincre, comparons les chiffres de décembre avant et après révision pour le Canada et pour le Québec.

Avant révision, il s'était créé 22 000 emplois en décembre, d'un océan à l'autre. Après, c'est plutôt 30 000. Les taux d'activité et d'emploi reculent de deux dixièmes à 66,7 % et 61,6 %.

Au Québec, le nombre de nouveaux emplois passe de 24 700 à 22 000.

Les taux d'activité et d'emploi restent stables à 65,4 % et 60,5 %.

Les données de l'EPA pour janvier seront publiées vendredi.

La prochaine révision aura lieu en 2016 et s'appuiera sur le formulaire court (obligation de réponse) du recensement du printemps prochain.