Le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, met en doute l'efficacité du plan fédéral de réduction de ses dépenses de 300 millions de dollars cette année.

Dans un rapport rendu public jeudi, M. Page souligne qu'à peine 180 millions d'économies potentielles ont été identifiées alors qu'il ne reste que trois mois à l'exercice fiscal.

Le directeur parlementaire du budget a toutefois précisé qu'il avait eu du mal à obtenir toute l'information dont il avait besoin sur les programmes de compressions des ministères.

M. Page a souligné que des coupes dans la main d'oeuvre seront nécessaires, comme le gouvernement l'a reconnu, étant donné que 67% des dépenses de fonctionnement des ministères sont reliées au personnel.

Mais le directeur parlementaire du budget a mentionné qu'un questionnaire acheminé à dix des plus importants ministères employant plus de la moitié des fonctionnaires a montré que les responsables n'avaient aucun plan pour réduire leur personnel ou projetaient des coupes insuffisantes.

Et un organisme fédéral, le Service correctionnel du Canada, va à contre-courant avec l'embauche prévue de 4119 employés, annulant la majeure partie des coupes dans les neuf autres ministères.

Parmi les 10 ministères comptant environ 160 000 employés, les projections actuelles entraîneraient seulement une réduction d'environ 1000 travailleurs à moyen terme, indique le rapport.

De plus, Ottawa a signé des contrats avec les syndicats du secteur public impliquant des augmentations de salaire d'environ 5,3% au cours des trois prochaines années.

«Peu d'organismes ont pris en compte dans leur gestion des ressources humaines le gel des budgets de fonctionnement ou présenté une stratégie pour y faire face», a noté M. Page.

Le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, a salué le travail accompli par M. Page pour démontrer que les projections du gouvernement sont irréalistes.

«(Le ministre des Finances) Jim Flaherty continue de faire des promesses vides et vaines sur la gestion du déficit le plus grand qu'a connu le Canada», a déclaré jeudi M. Ignatieff.

Le ministre établit des cibles et ne les atteint jamais, a fait valoir le chef libéral.

Dans le cadre de son plan de lutte au déficit, Ottawa prévoit pourtant des économies de 300 millions cette année, de 900 millions l'an prochain et de 1,8 milliard par an à partir de 2012-13.

La réduction des dépenses est au coeur des efforts qu'Ottawa entend réaliser pour éliminer son déficit en cinq ans. Cette vision a de nouveau été remise en question par le directeur parlementaire du budget, jeudi, dans un document distinct relevant que même le Fonds monétaire international (FMI) estime que l'objectif du gouvernement canadien ne sera pas atteint.

Le FMI s'attend à un déficit d'environ 5,4 milliards en 2015-16 pour le Canada, comparativement à la projection, par le ministre des Finances Jim Flaherty, d'un excédent de 2,6 milliards pour cette année, ce qui représente un écart de 8 milliards.

Le rapport de M. Page ne soutient pas explicitement qu'Ottawa est en retard dans son plan de réduction des dépenses, en partie parce que le directeur parlementaire du budget reconnaît que le gouvernement n'a pas dévoilé toutes les informations pertinentes en prétextant la confidentialité des délibérations du cabinet.

M. Page a demandé aux parlementaires de favoriser l'obtention des informations pertinentes en invitant les sous-ministres devant des comités pour qu'ils expliquent leur plan de gestion des ressources humaines.

Il a salué le travail d'un ministère, Ressources humaines et Développement des compétences Canada, pour avoir mis en place une stratégie de réduction du personnel de 3558 employés tout en maintenant le service à la population.

Deux organismes, le Service correctionnel du Canada et la GRC, n'ont même pas répondu à la requête d'information, a dit M. Page.