Il est hors de question de mettre un frein aux baisses d'impôts des entreprises, surtout au moment où la mesure commence à porter ses fruits, a tranché Stephen Harper hier.

Le premier ministre répondait aux demandes répétées du parti libéral, qui fait de cet enjeu l'un des points centraux de sa stratégie préélectorale.

«Étant donné le fait que le gouvernement fédéral affiche un déficit record de 56 milliards de dollars, il est imprudent de baisser davantage le taux d'imposition des entreprises», a fait valoir hier Scott Brison, le critique libéral en matière de Finances.

Le taux d'imposition des entreprises au Canada est passé au début de l'année à 16,5% et il doit atteindre 15% l'an prochain. «C'est un gouvernement libéral qui a baissé ce taux de 29% à 21% durant une période de surplus. Ça avait du sens», a rappelé M. Brison. «Mais pas sur de l'argent emprunté.»

Hors de question

Le premier ministre Stephen Harper a toutefois opposé une fin de non-recevoir à cette nouvelle charge des libéraux, lors de l'annonce d'un nouveau prix pancanadien pour le bénévolat, dans la circonscription stratégique de Welland, près de Toronto.

À l'approche du budget, qui devrait être déposé d'ici quelques semaines au Parlement, pas question de changer de cap, a-t-il tranché, à peine une heure après le point de presse de Scott Brison.

«Il y a quelques années, en 2007, nous avons légiféré pour implanter une série de taux d'imposition plus bas, a-t-il rappelé. Nous voyons maintenant les bénéfices de cela. Nous voyons des entreprises déménager ici, nous voyons des entreprises localiser leurs opérations nord-américaines au Canada...»

«Le fait est que nous générons maintenant plus de revenus provenant du secteur des affaires en imposant des taux plus bas», a-t-il ajouté.

Au cours de la première moitié de l'année 2010-2011, ces revenus ont connu une hausse de 12%, selon le ministère des Finances.

«C'est dans l'intérêt de tout le monde et c'est la route que nous allons continuer à prendre», a conclu le premier ministre.

Plus près d'élections?

Un tel refus du gouvernement de se rendre aux demandes de l'opposition ne garantit toutefois pas que les libéraux voteront contre le prochain budget, a indiqué Scott Brison.

«Nous voulons voir le budget auparavant, mais nous ne sommes pas optimistes, si l'on se fie aux discussions que nous avons eues. Les libéraux voudraient aussi voir ajouter au budget un plan d'aide pour les familles canadiennes. Ils souhaitent également des limites au «gaspillage» que représentent selon eux les milliards investis pour acheter des avions militaires F-35 et construire des «mégas-prisons de type américaines».

L'état d'esprit des troupes de Michael Ignatieff face à de possibles élections printanières reste par ailleurs incertain. Avant Noël, le chef libéral a laissé entendre que les Canadiens étaient maintenant prêts à se rendre aux urnes pour juger le bilan du gouvernement Harper. Mais depuis, nombre de ses députés, surtout dans la grande région de Toronto, ont formulé dans divers médias des doutes quant aux chances du PLC de gagner la faveur des électeurs.

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Harper défend le ministre Kent

Le premier ministre Stephen Harper a dû expliquer les propos de son nouveau ministre de l'Environnement, hier. Au lendemain de sa prestation de serment, Peter Kent s'est attiré les foudres des partis de l'opposition et de groupes environnementaux en affirmant que les sables bitumineux avaient été diabolisés à tort et qu'il s'agissait en réalité d'un «pétrole éthique». Sans prendre ses distances, le premier ministre a plutôt apporté des nuances à ces propos lors d'un point de presse en Ontario. «Le Canada est une société très éthique et une source bien sécuritaire pour les États-Unis, en comparaison des autres sources d'énergie, et c'est un grand atout qu'on veut expliquer au monde», a-t-il fait valoir.