Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, fera sans doute face à une certaine résistance en ce qui concerne la réforme du régime de retraite lorsqu'il rencontrera ses homologues provinciaux et territoriaux à Kananaskis, en Alberta.

Quelques heures avant la rencontre, six ministres provinciaux ont en effet demandé à Ottawa de renverser la vapeur en procédant à une «expansion modeste» du Régime de pensions du Canada (RPC).

La semaine dernière, Jim Flaherty avait affiché ses couleurs en affirmant qu'il était hors de question de discuter de l'expansion du RPC puisque toutes les provinces n'étaient pas en accord avec cette mesure.

Il avait plutôt déclaré qu'il souhaitait mettre de l'avant un projet d'entente entre les secteurs public et privé permettant aux petites entreprises, aux employés et aux travailleurs autonomes de contribuer à un nouveau régime de retraite.

Mais à la veille de la réunion, les ministres des Finances de la Colombie-Britannique, de l'Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, du Manitoba et de l'Ontario, ont jeté un pavé dans la mare en publiant un communiqué de presse qui invite le gouvernement à considérer l'idée d'adopter une «expansion modérée» du RPC.

Dans la déclaration commune, le ministre des Finances de la Colombie-Britannique, Colin Hansen, a indiqué qu'il était important de procéder à cette expansion afin que le système de revenu de retraite du Canada soit adéquat à long terme.

«Nous devons continuer à avancer afin de déterminer à quoi cette expansion devrait ressembler», a déclaré M. Hansen.

Les provinces estiment par ailleurs que le RPC devrait offrir aux Canadiens des régimes de retraite à bas coût.

Et tout en soutenant qu'elles ne sont pas opposées à la proposition de Jim Flaherty, les provinces ont maintenu que celle-ci ne devrait pas empêcher Ottawa d'améliorer le système actuel.

À Kananaskis, dimanche, Jim Flaherty a indiqué qu'il croyait toujours qu'il fallait réformer le RCP, mais que la mésentente entre les provinces était trop profonde pour que ce dossier puisse avancer.

Il a ajouté que Québec avait aussi affirmé qu'il préférait patienter.

«La lettre, s'il s'agit d'une lettre, venant des six provinces confirme ce que j'ai dit jeudi, soit qu'il n'existait pas de consensus sur cette question», a affirmé M. Flaherty aux journalistes.

«Nous devrions continuer à travailler sur le dossier et si nous pouvions atteindre un compromis d'ici une année ou deux, ce sera alors le bon moment pour agir.»

La sortie de M. Flaherty, la semaine dernière, avait suscité les critiques des partis d'opposition, des gouvernements provinciaux et des syndicats.

Le président de la Fédération des travailleurs de l'Ontario, Sid Ryan, avait parlé de «trahison de dernière minute».

Quant au ministre ontarien des Finances, Dwight Duncan, il n'avait été guère plus élogieux à l'endroit de son homologue fédéral, affirmant que le refus d'étendre le RCP constituait une «sérieuse erreur».

Il avait par ailleurs noté que l'Alberta était la seule province à accorder son soutien à la proposition de M. Flaherty.

Dans le communiqué diffusé dimanche, M. Duncan a soutenu qu'Ottawa ne devrait pas avoir à choisir entre le RCP et la réforme du régime préconisée par le ministre Flaherty.

«Le RCP procure un système de revenu de retraite sécuritaire, indexé et défini pour tous les travailleurs canadiens, a-t-il dit. Et même si nous accueillons favorablement l'innovation en matière collaboration entre le public et le privé, cela ne devrait pas servir d'excuse pour stopper la progression du RCP.»