Un comité du Sénat recommande que le «sou noir» soit aboli le plus tôt possible. Et le ministre des Finances, loin d'être opposé à l'idée, en a pris bonne note.

Dans un rapport rendu public mardi, le comité sénatorial permanent des finances a indiqué que le gouvernement fédéral aurait dû agir depuis longtemps. «La pièce de 1 cent est tout simplement désuète», conclut le rapport.

Le comité joint ainsi sa voix à plusieurs autres, dont celle du Mouvement des caisses Desjardins et de l'auteur d'un projet de loi sur le sujet, le député néo-démocrate Pat Martin.

Même le ministre des Finances, Jim Flaherty, a laissé entendre il y a quelques mois que les jours de la pièce de 1 cent pourraient être comptés. Se remémorant son enfance, il a admis qu'elle pourrait bien être devenue inutile. «Nous remercions le comité pour son étude approfondie du dossier, a-t-il déclaré mardi par l'entremise d'un porte-parole. Nous avons hâte d'examiner ses conclusions et recommandations avec attention.»

C'est un sénateur conservateur, Irving Gerstein, qui a présenté une motion pour demander à ses collègues de se pencher sur la question.

Arguments convaincants

Depuis le mois d'avril, le comité sénatorial a entendu près d'une vingtaine de témoins dont aucun n'était opposé à la disparition de la pièce de 1 cent, a précisé mardi son président, le sénateur Joseph Day. Selon lui, les arguments sont convaincants: depuis la production de la première pièce, en 1905, le cent a perdu 95% de son pouvoir d'achat. Produire une pièce coûte 1,5 cent au gouvernement, et il doit en produire un nombre important chaque année puisqu'elles sont de moins en moins utilisées. Et le Mouvement Desjardins évalue le coût annuel de la pièce de 1 cent à plus de 130 millions de dollars pour la société canadienne.

À cela s'ajoute le fait que des pays comme l'Australie et la Nouvelle-Zélande s'en sont déjà débarrassés et que cela «n'a eu aucune incidence notable sur l'inflation», selon Pierre Duguay, sous-gouverneur de la Banque du Canada.

«Nous exhortons le gouvernement à procéder au retrait de cette pièce de manière concertée et volontaire, et en tenant compte des intérêts de tous les intéressés», ont insisté les sénateurs.

Le rapport du Sénat recommande entre autres choses que la production des pièces cesse dès que possible et que leur retrait s'étale sur une période de 12 mois. Il suggère aussi que les détenteurs puissent se faire rembourser la valeur de leurs avoirs «indéfiniment».

Des opposants à la disparition du sou noir craignent notamment que le fait que les commerçants seront forcés d'arrondir leurs prix pénalisera les consommateurs. Pour amoindrir le choc, le comité sénatorial des finances a enfin recommandé que l'on n'arrondisse que les transactions payées en argent comptant et que le gouvernement consulte les provinces et les détaillants pour établir des lignes directrices en ce sens.