Chaque fois que le Canada s'engage dans une négociation commerciale, les agriculteurs québécois et ontariens craignent la remise en cause de la gestion de l'offre. Tout porte à croire que le système est de nouveau hors d'atteinte. Mais l'Europe et le Canada ont tout de même beaucoup à négocier sur le plan agricole et agroalimentaire.

«Les Européens ne remettent pas en cause la gestion de l'offre, assure Gilles Gauthier, négociateur en chef du Canada pour le secteur agricole. Tout comme on ne remet pas en cause la politique agricole commune de l'Union européenne.»

Pourtant, les deux politiques ne correspondent pas exactement à l'esprit d'une plus grande libéralisation du commerce. Dans les secteurs du lait, des oeufs et de la volaille, la gestion de l'offre limite les importations, sans les empêcher. La politique agricole commune est quant à elle basée sur des subventions massives aux producteurs européens. «Ce sont des politiques bien établies de part et d'autre», précise Gilles Gauthier.

Au-delà des politiques de soutien, il y a matière à discussion. «C'est actuellement plus facile pour les Européens d'exporter ici que pour nous d'exporter là-bas», affirme M. Gauthier.

Le Canada voudra faire tomber les barrières tarifaires qui dépassent les 60% dans le secteur porcin et qui frisent les 80% dans le secteur bovin. Le sirop d'érable est aussi frappé d'une taxe de 8%.

L'Union des producteurs agricoles voudrait aussi que le Vieux Continent revoie certaines normes jugées trop sévères, notamment en matière d'organismes génétiquement modifiés et de traçabilité.

En Europe, les appellations contrôlées seront aussi à étudier. «Il y a des règles sur ce qui peut s'appeler un fromage ou ce qui peut s'appeler un chocolat», observe Simon Potter, associé chez McCarthy Tétrault.

Le Canada compte aussi son lot de règles qui compliquent les échanges. «On a des règlements sur la composition du yogourt (eau, matières grasses) qui sont différents de province en province, note M. Potter. Les Européens veulent faire disparaître des stupidités comme ça, et nous devrions le vouloir aussi, en tant que Canadiens.»

Pour l'avocat, c'est un effet bénéfique évident de ces accords de libre-échange. «Ça nous impose une discipline, ça nous force à faire le ménage dans nos règles ridicules.»