Deux cabinets d'avocats canadiens se hissent parmi les meilleurs au monde dans le domaine des grandes fusions et acquisitions internationales. Voici pourquoi...

Est-ce reparti pour de bon? Ou ne s'agit-il que d'une reprise temporaire? En tout cas, on n'avait pas vu autant de mouvement dans le marché des fusions et acquisitions internationales depuis 2008. Pour les neuf premiers mois de 2010, la valeur des transactions a atteint 1750 milliards US. Il s'agit d'une hausse de 21% par rapport à l'an dernier, selon le dernier rapport que vient tout juste de publier Thomson Reuters.

Qui profite de cette effervescence? Les avocats bien sûr!

À ce chapitre, les cabinets canadiens s'en sont fort bien tirés depuis janvier, deux d'entre eux - Blakes et Stikeman Elliott - réussissant à se hisser dans la liste du top 25 des cabinets mondiaux pour leur rôle de conseillers juridiques dans les grandes transactions internationales. Blakes, en particulier, se classe même au cinquième rang mondial, coiffant au passage plusieurs grands cabinets américains et britanniques.

Blakes prend aussi le premier rang de tous les cabinets pour sa participation à des transactions impliquant des entreprises canadiennes et est le seul bureau canadien à se trouver dans le top 25 pour les transactions américaines.

«C'est la preuve que les clients nous choisissent partout dans le monde!» dit l'associé directeur du bureau de Montréal, Norm Saibil.

Depuis le début de l'année, les avocats de Blakes ont participé à 100 transactions internationales, pour une valeur totale de 132,9 milliards US. Blakes a notamment conseillé l'australienne BHP Billiton lors de son offre non sollicitée pour le géant canadien de l'engrais PotashCorp, une transaction estimée pour l'instant à 38,6 milliards US. Il a aussi représenté Red Back Mining Inc. pour son acquisition pour plus de 6 milliards US par Kinross Gold Corp.

Cette bonne santé, explique Norm Saibil, est le résultat des efforts consentis ces dernières années au développement du réseau international et dans le fait que le cabinet concentre beaucoup de ressources en fusions et acquisitions: plus de 100 avocats sur les 550 de Blakes au Canada pratiquent dans ce secteur.

C'est l'américain Skadden qui arrive en tête de liste. Le cabinet new-yorkais a jusqu'à présent réalisé 154 transactions internationales, pour une valeur totale de 251,9 milliards US. Il devance deux autres américains, Sullivan&Cromwell (178,6 milliards US, 119 transactions) et Cleary Gottlieb Steen&Hamilton (164,8 milliards US, 87 transactions).

Stikeman rebondit

Ce n'est pas une grande surprise, mais cela faisait tout de même quelques trimestres que ce n'était pas arrivé. Stikeman Elliott revient dans le top 25 des cabinets mondiaux en transactionnel. Avec 86 transactions depuis le début de l'année, pour une valeur totale de 75 milliards US, le cabinet prend le 21e rang mondial, un bond de 14 positions par rapport l'an dernier. Stikeman se classe aussi 2e pour les transactions canadiennes, 11e pour les transactions européennes et 6e pour les celles impliquant des entreprises du Royaume-Uni. Depuis janvier, Stikeman a notamment conseillé Potash dans le cadre de l'offre d'acquisition non sollicitée déposée par BHP Billiton; représenté GDF Suez Energy International, acquise pour 25 milliards US par International Power plc; représenté Lihir Gold Ltd lors de son acquisition pour 8,57 milliards US par Newcrest Mining.

«Ça bouge, on sent un certain regain de vie», dit le président du conseil de Stikeman, Pierre Raymond. Il y a plus de transactions dans l'air que l'an dernier et que leur valeur a également augmenté. Alors qu'au cours des 18 derniers mois, elles se situaient entre 100 et 300 millions, on commence maintenant à voir des transactions de plus d'un milliard. Et ça, c'est nouveau, selon Me Raymond.

Bien sûr, ce classement tient compte des transactions annoncées, non encore conclues. Nuance importante, note Pierre Raymond, car les transactions sont plus difficiles à finaliser qu'en 2007, alors que le marché des fusions et acquisitions était à un sommet. Aujourd'hui, ça achoppe davantage sur le prix, les acheteurs croyant encore pouvoir profiter des aubaines dues à la crise, alors que les vendeurs estiment que le pire est passé.

Autre explication: les acheteurs sont plus vigilants qu'auparavant lors de la vérification diligente. Il y a quelques années, lorsqu'un pépin se présentait en cours de route, certains gestionnaires étaient prêts à les tolérer. «Aujourd'hui, leur niveau de tolérance est beaucoup plus bas, dit Pierre Raymond. Au point de parfois faire annuler la transaction.»

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