Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, écarte totalement l'idée de suspendre la prochaine ronde de réduction des impôts des entreprises, prévue le 1er janvier 2011, afin d'éliminer plus rapidement le déficit, estimé à près de 49 milliards de dollars cette année.

La décision du gouvernement Harper de limiter à 5 cents (au lieu de 15 cents) la hausse des cotisations de l'assurance emploi en 2011 et à 10 cents au cours des années subséquentes devrait entraîner un manque à gagner supplémentaire de 5 milliards de dollars d'ici 2015, selon les premières estimations.

En outre, les compensations financières versées à l'Ontario et à la Colombie-Britannique pour avoir harmonisé leur taxe de vente respective avec la TPS gonfleront le déficit d'Ottawa à près de 54 milliards de dollars en 2009-2010, même si le dernier rapport du ministère des Finances établissait le déficit pour cet exercice financier à 47 milliards.

Bien que la reprise économique demeure fragile, le ministre Flaherty a indiqué hier, au terme d'une rencontre avec un groupe d'économistes des plus grandes banques au pays, que le gouvernement a la ferme intention de ramener le taux d'imposition des entreprises de 18% à 16,5% le 1er janvier 2011 et à 15% le 1er janvier 2012. À terme, ces baisses d'impôts priveront le Trésor fédéral de quelque 6 milliards de dollars par année.

«Ces réductions font partie de la loi au Canada. Si un autre parti politique veut changer la loi et augmenter ces impôts, il devra commencer par essayer de former le prochain gouvernement et majorer les impôts ensuite. Nous sommes au pouvoir parce que nous voulons réduire les impôts pour tout le monde, y compris les particuliers», a affirmé le ministre.

«Réduire les impôts des entreprises qui créent des emplois est la meilleure façon de créer des emplois au pays. Le taux de chômage s'élève à 8,1%. Nous voulons le réduire le plus possible. S'il y a plus de gens qui travaillent, cela va se traduire par plus de revenus pour le gouvernement», a ajouté M. Flaherty.

Le Parti libéral de Michael Ignatieff presse depuis plusieurs semaines le ministre Flaherty de suspendre ces baisses d'impôts. Les libéraux estiment que le gouvernement fédéral ne peut se priver de ces 6 milliards de dollars en revenus alors qu'il nage encore en plein déficit.

Cela dit, le ministre a affirmé que le gouvernement «maintient le cap» et prévoit toujours éliminer le déficit fédéral d'ici 2015 au plus tard. Il a aussi rappelé que le plan de relance d'Ottawa de 48 milliards sur deux ans a grandement amplifié le déficit. Or, ce plan de relance prendra fin comme prévu le 31 mars 2011.

«Notre priorité est de mettre en oeuvre le plan économique. Le gouvernement tient aussi à mettre fin au programme de relance comme prévu et de ramener graduellement l'équilibre budgétaire à court terme», a-t-il dit.

Même si les perspectives économiques demeurent incertaines, M. Flaherty s'est félicité de voir que les économies émergentes comme la Chine, l'Inde et le Brésil enregistrent des taux de croissance intéressants, que l'économie américaine continue à croître de manière modeste, tout comme celle des pays de l'Union européenne.

«Il y a encore de l'incertitude quant aux perspectives de croissance, mais nous sommes loin de la crise de 2008», a-t-il dit.

«Il y a un monde de différence par rapport à 2008. L'économie n'est pas en forte croissance. La croissance est modeste. Il doit y avoir des ajustements aux prévisions. Mais le message que j'entends, c'est de maintenir le cap, les fondements de l'économie sont solides. Nous sommes sur la bonne voie, mais il faut tenir compte du fait qu'il y a des incertitudes», a dit le ministre.

Dans son dernier budget, M. Flaherty prévoyait un taux de croissance de l'économie de 2,6% en 2010, de 3,2% en 2011 et de 3% en 2012. Ces taux de croissance étaient fondés sur une moyenne des prévisions des économistes du secteur privé.

Mais la Banque CIBC prévoit que la croissance atteindra seulement 1,9% en 2011, soit 1,2 point de pourcentage de moins que prévu dans le dernier budget. Selon les calculs du ministère des Finances, un point de pourcentage de croissance peut signifier 3 milliards de dollars de revenus de moins dans les coffres d'Ottawa.

Le ministre doit faire une mise à jour économique et financière cet automne. La semaine dernière, Statistique Canada a rapporté que le produit intérieur brut du Canada avait diminué de 0,1% en août, la première baisse en 11 mois.