Si les grands supermarchés à travers le Canada soutiennent que le prix des aliments est à la baisse, certains consommateurs sont plutôt portés à affirmer le contraire.

Justin Bell, étudiant à l'Université de l'Alberta, constate que la portion de son budget qui est consacrée à l'épicerie augmente avec les années. Ses camarades aussi sont de plus en plus nombreux à dépenser davantage pour s'alimenter, assure-t-il.

«J'ai entendu un tas de gens dire qu'en achetant les mêmes produits qui leur coûtaient 50 dollars, ils déboursaient maintenant 60 dollars», soutient le jeune homme de 27 ans.

D'un autre côté, les Sobeys, Loblaws et Métro - qui ont 60 pour cent des parts de marché au pays - soutiennent qu'ils ont dû revoir leurs prix à la baisse afin d'attirer les clients qui sont pris à la gorge.

Selon certains experts du secteur, les affirmations des géants de l'alimentation sont toutefois difficiles à vérifier puisque ces derniers ne révèlent pas comment ils calculent la fluctuation des prix et que les chutes de prix les plus évidentes touchent surtout les articles en promotion et les secteurs hyper concurrentiels.

Il est clair pour les économistes, l'industrie et les analystes que toute déflation des prix serait annulée par les hausses de prix qu'entraînerait une plus forte demande.

Ils s'entendent sur le fait que les baisses de prix à court terme sont tributaires de la concurrence à laquelle se livrent les grandes chaînes pour s'arracher le peu de dollars que possèdent les consommateurs. Les prix, selon eux, devraient augmenter au cours de la prochaine année en même temps que le sentiment de confiance des consommateurs et que le prix des produits croîtront.

D'après John Cranfield, enseignant d'économie et de marketing alimentaire à l'Université Guelph, aucune des grandes chaînes ne veut hausser les prix de peur de s'aliéner les consommateurs.

Malgré tout, il s'attend à ce que Sobeys, Loblaws et Métro ne doivent augmenter leurs prix l'an prochain puisqu'ils seront incapables d'absorber la hausse constante des produits alimentaires.

Et bien que les experts n'y voient pas une hausse dramatique, M. Cranfield estime qu'elle aura des conséquences sur les Canadiens les plus vulnérables - ceux qui sont déjà dépassés sur le plan financier et ceux qui sont sans emploi, qui consacrent une part plus importante de leur budget à la nourriture.

La hausse de produits de base comme le blé, le maïs et le sucre, que l'on retrouve dans une multitude de produits qui se retrouvent sur les tablettes, réduira la marge de manoeuvre dont disposent les épiciers.

On prévoit une hausse marquée du prix du blé depuis que la Russie - le 3e exportateur mondial de blé - a prolongé son interdiction d'exporter ce produit jusqu'à novembre. Le pays avait agi ainsi après avoir vu ses récoltes compromises par une période de sécheresse.

Selon l'indice des prix à la consommation publiée la semaine dernière par Statistique Canada, le prix des aliments achetés dans les supermarchés a augmenté de 1,2 pour cent par rapport au mois d'août 2009.