Les pays du G20 doivent s'attaquer rapidement et avec détermination au fléau de l'endettement public dès que la reprise économique sera bien enclenchée, estime le premier ministre Stephen Harper.

Dans une lettre qu'il doit faire parvenir aujourd'hui à ses homologues du G20, qu'il accueillera à Toronto à la fin du mois de juin, M. Harper affirme que les grandes économies de la planète commettraient une erreur de taille en négligeant de mettre de l'ordre dans les finances de leur État respectif.

Bien qu'il reconnaisse que les pays du G20 ont parcouru beaucoup de chemin depuis le premier sommet à Washington en novembre 2008 pour discuter de la crise économique mondiale, il ne faut pas, selon lui, croire que tous les problèmes sont réglés. Depuis l'éclatement de la crise économique, les pays industrialisés croulent sous les déficits, en particulier les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Italie et le Japon.

«Nous devons continuer à remplir notre obligation internationale en mettant en oeuvre nos plans de relance économique jusqu'au bout pour éviter de retomber dans une crise financière ou économique. Toutefois, à mesure que la reprise économique se confirme et que nos plans de relance tirent à leur fin, nous ne pouvons pas nous permettre de nous asseoir sur nos lauriers», affirme M. Harper dans sa lettre que La Presse a obtenue hier soir.

«Nous devons rapidement nous attaquer au prochain grand défi auxquels sont confrontés nos pays et le G20 en général, soit de restaurer l'équilibre dans nos finances publiques, ou, comme plusieurs économistes l'affirment, mettre en oeuvre un plan de consolidation fiscal», ajoute M. Harper dans sa missive.

Selon le premier ministre, les pays doivent présenter rapidement un plan crédible de réduction de leur déficit et adopter des mesures qui permettront de soutenir la croissance économique à long terme.

Si les pays négligent de mettre de l'ordre dans leurs finances publiques, ce sont les marchés qui vont leur dicter la marche à suivre, comme ç'a été le cas en Grèce, a tenu à souligner le premier ministre. La communauté internationale suit d'ailleurs de très près l'évolution de la situation en Europe.

«Il est préférable que les gouvernements déterminent eux-mêmes les conditions et l'ampleur du plan de consolidation de leurs finances publiques pour tenir compte de leurs besoins respectifs et des circonstances qui sont les leurs. Mais pour ce faire, nous devons mettre sur la table des plans crédibles et fermes qui vont remettre nos pays sur la voie de l'équilibre fiscal», soutient le premier ministre.

Crise grecque

Lourdement endettée, la Grèce a eu besoin d'un plan de sauvetage de 110 milliards de dollars de l'Union européenne et du Fonds monétaire international pour se maintenir à flot.

En contrepartie, le gouvernement de Georges Papandréou a dû appliquer un plan d'austérité de 30 milliards d'euros destiné à ramener le déficit public, qui frôlait 14% du PIB en 2009, sous le seuil européen de 3% en 2014.

Ce plan, qui prévoit notamment la suppression des 13e et 14e mois de salaire dans la fonction publique et une nouvelle hausse d'un à deux points de la TVA (21% actuellement), a provoqué de nombreuses manifestations dans toute la Grèce.

De tous les pays du G7, le Canada est celui qui affiche la dette la moins élevée au prorata du produit intérieur brut (environ 34%). Le déficit en 2009-2010 devrait être d'environ 50 milliards de dollars. Aux États-Unis, près de la moitié du dernier budget (3,5 trillions de dollars) a été financé par un déficit.