Le regain de confiance du public et des investisseurs envers le secteur financier demeure très incomplet après deux années d'une crise sans précédent, selon le président du conseil de Power Corporation (T.POW).

Par conséquent, les autorités gouvernementales et les milieux d'affaires ont encore plusieurs réformes réglementaires et financières à compléter avant de corriger tous les effets de la crise.

«Le niveau de confiance des investisseurs se redresse, mais il n'est pas revenu à son niveau d'avant la crise», a indiqué Paul Desmarais, jr lors de l'assemblée d'actionnaires de Power, qui avait lieu hier à Montréal.

Entre autres, les autorités publiques doivent réussir le «retrait progressif et coordonné» des mesures de soutien économique et financier qui ont été déployées depuis deux ans.

Ces mesures ont aussi été très coûteuses, ce qui devrait inciter les gouvernements à une «discipline fiscale rigoureuse», selon M. Desmarais.

En parallèle, les réformes réglementaires en discussion aux niveaux national et international devraient être implantées de façon «mesurée».

Autrement, ces réformes pourraient s'avérer nuisibles au bon fonctionnement du système financier et de l'économie mondiale.

À cet effet, selon M. Desmarais, le Canada a relativement «bien performé» durant la crise. Même que la vigilance et les interventions de ses autorités financières sont devenues des références internationales.

«Le gouvernement canadien a fait du bon travail comparé à ce qui s'est fait ailleurs dans le monde», a renchéri M. Desmarais au cours d'un point de presse après l'assemblée.

«Par exemple, c'est assez unique dans le monde d'entendre quelqu'un comme le directeur de la Banque du Canada avertir les Canadiens de faire attention à leur taux d'épargne et à leur endettement. Et ce, alors que le Canada a plutôt bien résisté à la crise financière.»

Quant aux affaires de Power, ses dirigeants ont surtout relaté devant les actionnaires l'importante amélioration des résultats de sa principale filiale, la Corporation financière Power.

Cette filiale qui représente 80% de tout l'actif de Power avait divulgué des résultats avantageux lors de sa propre assemblée d'actionnaires, mercredi.

Mais parmi les autres activités de Power, les résultats de l'après-crise financière et de la sortie de récession demeurent mitigés.

C'est pourquoi ses résultats de premier trimestre 2010 divulgués hier affichent une progression du bénéfice net qui, à 48% en un an, demeure inférieure de moitié à celle réalisée par la Financière Power.

Ces résultats trimestriels du Power ont déçu les investisseurs boursiers, qui ont laissé choir ses actions de 2,8% à 27,20$. Il s'agissait d'un recul quatre fois plus accentué que celui de l'indice de marché à la Bourse de Toronto.

Dans les actifs en médias, en particulier la filiale de journaux Gesca et le quotidien La Presse, les dirigeants de Power ont fait état de perspectives encore incertaines malgré les restructurations de bilan et des conventions collectives effectuées l'an dernier.

«Les gens de La Presse ont fait un effort fantastique. Et ça nous a touchés chez Power, ce qu'ils ont fait pour sauver cette importante institution à laquelle ils croient fortement», a commenté André Desmarais, président et co-chef de la direction de Power.

«Gesca a toujours été rentable jusqu'à un certain point. Mais avec les mesures qui ont été prises, Gesca devrait rester rentable et pouvoir continuer de se développer.»

 

POWER CORPORATION AU 1er TRIMESTRE

2010 /2009 /Variation

Revenus /8,99 milliards /5,61 milliards /"60%

Bénéfice net /224millions /151 millions /"48%

Par action /47 cents /31 cents /"51%